Nous sommes au tout début du XVIIIème siècle. Le commerce français, depuis la banqueroute de Law, a retrouvé les tarifs douaniers exorbitants du Colbertisme sur les exportations.
Traité de Methuen – 1703
Face à cette situation, l’Angleterre, commercialiste, décide de créer de nouveaux marchés avec le Portugal. Le commercialisme est un mercantilisme différent de celui de Colbert, l’idée est d’avoir une balance excédentaire et pour cela on ne limite pas les importations tant que les exportations sont plus importantes. Lors des négociations du traité, l’Angleterre obtient l’autorisation de vendre ses draperies au Portugal et dans ses colonies. C’est impossible en France, du fait de l’exclusif colonial qui interdit tout commerce des colonies avec d’autres pays. En contrepartie, l’Angleterre s’engage à acheter en grande quantité du vin portugais.
- Conséquences pour l’Angleterre.
C’est tout bénef’ pour les Anglais. Du fait de leur toute récente révolution industrielle, ils peuvent produire en nombre et vendre à moindre prix. Les colonies portugaises (principalement le Brésil) représentent ainsi un nouveau débouché considérable pour l’industrie anglaise. De plus, le vin portugais est jusqu’à deux fois moins cher que le vin français.
- Conséquences désastreuses pour la France.
Avec ce traité, la France perd les deux plus grandes branches de son commerce, à savoir le vin – c’est pourtant meilleur qu’un porto – et le textile, du fait de sa cherté. En effet, la qualité de la draperie française est reconnue mondialement depuis le colbertisme, cependant les teintes ne se font qu’avec les produits d’Orient dont la Compagnie des Indes a le monopole. (Il faut attendre 1759 et l’intervention de Vincent de Gournay pour autoriser la liberté d’impression en métropole. L’essor sera considérable pour les usines de coton ! Mais c’est une autre histoire.)
Tout ça pour dire que l’Angleterre est prête à boire des litres de piquette pendant que les esclaves brésiliens et les colons portugais s’apprêtent à dormir dans des draps qui piquent et ça, ça n‘arrange pas nos affaires pour la quasi-totalité du siècle à venir, puisque les Anglais ne vont faire qu’accroître leurs taxes douanières.
Le fiasco du Traité d’Eden – 1786.
Au début des années 1780, la France et l’Angleterre sont victimes de leurs tarifs douaniers excessifs qui se traduisent par une très forte contrebande – de blé. Puisqu’il vaut mieux toucher moins de fric que de ne pas en toucher du tout, les deux pays vont négocier des tarifs plus faibles et la suppression des prohibitions. De plus, apparaît la clause de la nation la plus favorisée.
Qu’est-ce donc ? Il m’a fallu trois heures pour comprendre, je vais vous donner la possibilité d’être meilleurs que moi. Imagine, Il y a un Français, un Anglais, un Hollandais et un Portugais (je reste thématique) qui font du commerce. Le Français et l’Anglais signent un tarif douanier à 16% ad valorem sur le quintal de blé et signent la clause de la nation la plus favorisée. Si jamais l’Anglais veut négocier un pourcentage plus faible avec le Portugais, imaginons 14%, alors le Français bénéficie également du tarif à 14% avec l’Anglais. De son côté, si le Français commerce avec le Hollandais à 13%, alors l’Anglais bénéficie de ce même tarif. Simple comme bonjour.
Si je t’ai pas perdu, je continue. Tout paraît tout bon pour nous, mais que nenni. T’as bien lu dans le titre de ce post qu’on s’est encore bien fait ken’ par les Anglais.
- Conséquences désastreuses pour la France. (Encore)
La population française va se révolter. L’Angleterre a déjà connu sa révolution industrielle : elle produit beaucoup et exporte ses produits manufacturés à moindre prix, du fait de la mise en place d’un faible tarif douanier. La concurrence est rude pour la production française. Les produits anglais taxés restent moins chers que les produits nationaux, les usines textiles ferment, de nombreux ouvriers se retrouvent sans travail. Pendant ce temps, les Anglais se saoulent au Bordeaux…
En 1793 le traité est clôt. C’est la guerre.
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Avant de juger du vin de Porto, il faut le connaitre idiot