Le contexte – Guerre et Paix d’Amiens
Depuis les années 1790, la France connaît une politique commerciale très dirigiste, notamment durant la Convention, où les importations et les exportations sont prohibées. Il faut attendre 1799 et l’arrivée de Napoléon au pouvoir pour voir le commerce international reprendre un peu de vigueur. Des traités sont conclus avec l’Espagne et le Portugal, on a fait la paix commerciale depuis la fin du traité de Methuen. Par contre, on est en guerre contre les Anglais, une histoire de colonie, de frontières et de fric. En 1802, on signe un traité de paix. C’est la Paix d’Amiens.
L’Angleterre, qui a des tendances libérales, propose à la France un traité commercial. La France accepte de négocier, mais l’Angleterre reste ferme et aimerait bien nous ken’ comme en 1786 avec le Traitéd’Eden. On en a assez d’être pris pour des cons. Napoléon Bonaparte refuse.
C’est re la guerre commerciale. La paix n’a duré qu’un an.
L’idée de Napoléon
En 1803 est voté un tarif douanier qui augmente considérablement les taxes sur le sucre et le coton. Sans sucre, le thé est un peu dégueulasse et sans coton, l’Angleterre ne peut plus confectionner ses draps ni les vendre. L’Angleterre a les boules, elle va se venger en augmentant de son côté les taxes sur les produits français. C’est tendu tendu. A partir de 1806, c’est un véritable duel à mort. Mais on a bien ramassé à Trafalgar et depuis on sait que c’est compliqué de battre l’Angleterre par les armes.
Napoléon décide de détruire sa rivale britannique en étouffant son commerce. C’est le blocus continental. Tous les ports français de la Manche et Mer du Nord leurs sont fermés au commerce. L’idée est de créer une crise économique en Angleterre : si elle ne peut plus vendre, ses usines seront fermées, chômage, soulèvement du peuple, le gouvernement anglais n’aurait pas le choix que de négocier en faveur de la France.
Le paroxysme du blocus
En 1806, tous les pays européens sous influence française ont l’interdiction de commercer avec l’Angleterre (il s’agit des pays en jaune, beige et marron). Tous sauf les violets quoi. Et ça fait du monde ligué contre l’Angleterre. Des mesures très dures sont mises en place, notamment pour lutter contre la contrebande : les Anglais sur le continent sont faits prisonniers de guerre, les navires qui ont accosté en Angleterre sont de bonne prise. On les vend, on vend la cargaison et on encaisse la valeur.
L’Angleterre riposte, tous les navires des pays neutres (les violets) doivent transiter par Londres ou Malte et sont soumis à des taxes, sinon bonne prise !
La France re riposte, tous les navires des pays violets sont faits de bonne prise. Aucun pays ne peut commercer avec l’Angleterre, au moins comme ça… Depuis 1808, un décret encourage la délation : si un matelot certifie avoir vu un navire dans un port anglais, après enquête il récupère 1/3 du produit de la vente après la bonne prise. Et pour lutter contre la contrebande, Napoléon annexe la Hollande, l’Espagne, les États Pontificaux…
Le blocus mitigé
Ça devient compliqué pour l’Angleterre : les États-Unis refusent de commercer avec l’Europe et les îles Britanniques, afin d’éviter que leur flotte soit faite de bonne prise. Les échanges anglais se font rares en 1808. Napoléon est proche du but, mais l’indépendance de l’Amérique Latine va tout faire basculer.
En effet, désormais l’Angleterre va créer de nouveaux marchés avec l’Argentine et le Brésil sans passer par l’Espagne et le Portugal. La flotte européenne ne permet pas la surveillance de l’Océan Atlantique. Les Anglais s’en mettent plein les fouilles. D’autant plus que certains pays européens n’obéissent plus à Napoléon. Les traîtres. Les Russes.
La France va profiter de ces fissures pour mettre en place des licences : tu ne m’obéis plus, ok. Mais tu payes. Cher. Des licences seront même accordées à l’Angleterre.
Il a manqué du temps à la France pour parvenir à ses fins, en effet le commerce entre l’Angleterre et l’Amérique Latine tendait à s’affaiblir. Mais la campagne de Russie de 1812 a mené l’effondrement de la puissance française et la fin du blocus.