Brunehilde, elle épouse son neveu.

Elle est un peu compliquée cette histoire, pour bien comprendre il faut lire ceci et bien regarder cet arbre généalogique dessiné par @LaurentNetTweet.

Petit contexte familial. Brunehilde est la sœur de Galswinthe, tu sais, la deuxième femme de Chilpéric Ier, celle qui a été tuée par sa troisième femme, Frédégonde. De plus Chilpéric Ier est le demi-frère de Sigisbert Ier, époux de Brunehilde. Les doubles parentés c’est toujours un peu relou, moi je m’en sors jamais du premier coup.

Sigisbert Ier est roi d’Austrasie (Nord-Est) et Chilpéric Ier de Neustrie (Nord-Ouest), et entre les deux royaumes francs, c’est la guerre. Frédégonde prend la décision en 575, sereine, mature, de tuer son beau-frère Sigisbert Ier, époux de Brunehilde. Je me répète mais c’est pour mieux les distinguer, entre leurs liens familiaux à la con, et leurs noms moyenâgeux… Bref, elle n’en est pas à son premier assassinat, Fred. Elle gère.

Sigisbert Ier laisse le royaume à son fils Childebert II, cinq ans. Brunehilde se retrouve régente.

Brunehilde

Femme forte, elle veut diriger avec poigne le royaume d’Austrasie mais ce qu’elle veut par-dessus tout, c’est l’étendre. C’est pourquoi, sereine, mature, elle se met en tête d’épouser Mérovée, fils de Chilpéric Ier et d’Audevère pour obtenir le royaume de Neustrie.

Mais il est pas con Chilpéric, enfin… il a laissé sa première femme être écartée du pouvoir et a épousé celle qui a tué sa seconde femme… Mais là il a compris qu’il se passe un truc. C’est pourquoi il fait arrêter son fils Mérovée, le séquestre à Tours et, pire que pire, lui fait subir la tonsure (les cheveux longs étant chez les Mérovingiens un symbole de puissance). Brunehilde parvient à imposer son autorité et dirige le royaume d’Austrasie jusqu’à bien après la majorité de son fils.

Les conflits entre royaumes perdurent, et c’est âgée de 70 ans qu’elle est arrêtée par le roi de Neustrie, Clotaire II, fils de Chilpéric Ier et Frédégonde. Elle est alors exposée nue à dos de chameau (c’est une idée comme une autre d’humiliation) et la suite est un peu moins drôle puis qu’elle est attachée à la queue d’un cheval sauvage jusqu’à sa mort.

Si la vie de Brunehilde est quand même un peu pourrie, il est important de retenir d’elle qu’elle fut la première des reines à vouloir unifier les royaumes francs, qu’elle était très cultivée et avait des positions religieuses œcuméniques, laïques et modernes.

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Brève. Guillotiné pour un peu de grain.

Fusiller de la garde de la Convention

Avant 1793, c’est d’abord icide Colbert à Law, puis , avec deux traités de 1703 et 1786.

  • Le Maximum du 4 mai 1793

Alors qu’en 1793 la France est en guerre, la Convention Montagnarde met en place un système très protecteur, en rupture totale avec le traité d’Eden de 1786 plutôt libéral. Il s’agit de la loi du Maximum du 4 mai 1793.

  • La terreur appliquée aux grains et farines

Chaque cultivateur doit rendre compte de ses stocks pour que l’administration au niveau régional puisse établir le prix du grain en fonction de l’offre et de la demande. Le but est d’éviter la spéculation : le producteur ne peut pas décider de cesser la vente pour pouvoir ensuite revendre à prix fort en période de disette. De plus, le grain ne peut être vendu que sur les marchés. Et si jamais le prix du grain ou de la farine est plus haut ou plus bas, le marchand reçoit une amende et est inscrit sur une liste de suspects, parfois exilés, parfois tués. Les contrebandiers sont exécutés. Bonne ambiance.

  • Le Maximum Général de septembre 1793

En septembre, le Maximum du grain se généralise. Charbon, étole, viande salée, bière… quasiment tous les produits, en fait, et surtout l’essentiel. De plus, les salaires sont figés. Les producteurs, pour éviter de vendre à perte, dissimulent leur production. Ceux qui sont trouvés sont tués. Un rationnement s’impose pour lutter contre la disette. C’est l’enfer, le peuple a faim alors qu’il est assiégé. L’application dirigiste a fait couper de nombreuses têtes…

La Convention thermidorienne fera abolir la loi en 1794.

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Frédégonde, serial killer du Moyen-Age.

Dans l’article du jour, je vous parle de Frédégonde, une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle va jouer des coudes pour devenir reine. Et elle va y parvenir. Attention, présence de noms à la con et imprononçables dans ce post. On est dans la seconde moitié du VIème siècle, royaume de Neustrie-Soissons. L’actuel nord-ouest de la France, sans la Bretagne.

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Frédégonde, l’ambitieuse

Frédégonde est du genre arriviste. Elle sait ce qu’elle veut la dame. Mais vraiment. Et ce qu’elle veut c’est être reine. Bon, elle va devoir gravir les échelons car pour l’instant elle est seulement la servante de la reine Audevère, l’épouse de Chilpéric.

Éprise du roi Chilpéric Ier -ou de sa couronne- elle décide, sans pression de tuer chaque personne qui lui fait obstacle, et il y en a quelques unes… Je ne sais pas si sa devise est « yolo » ou « on va commencer à se laisser emmerder » mais dans tous les cas, elle y va fort.

Le mariage de Chilpéric Ier

Alors que Chilpéric est au pouvoir, il épouse Audevère. Audevère est belle, Audevère est reine mais Audevère est cocue. C’est pas tellement un problème, c’est même plutôt dans les mœurs. Mais là, elle est genre vraiment cornue. La maîtresse de son époux, qui n’est autre que Frédégonde, est enceinte. La future maman, pleine de bons sentiments, d’hormones et de projets, fait promettre au roi de l’épouser. Or, ça tarde à arriver. En effet, Chilpéric n’a pas l’intention de quitter sa femme, mais Frédégonde fait la gueule et monte un plan diabolique.  Continuer la lecture

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L’Affaire de Bretagne ou l’histoire d’un mec qui lâche rien.

L’édit de Bertin

Le gouvernement de Louis XV décide en 1763  d’augmenter les impôts, comme quoi c’est pas nouveau. Il s’agit ici d’ajouter deux sous pour chaque livre due à la ferme (1 livre = 20 sous). La ferme générale est une délégation de l’État qui  se charge de récolter les impôts (taille, gabelle, tabac…) dans les provinces.

L’Affaire de Bretagne

Le relou.

A cette époque, en Bretagne, c’est le Duc d’Aiguillon qui est gouverneur du royaume, alors que Louis-René Caradeuc de la Chalotais est un parlementaire. Entre eux, une vieille rancœur, Louis-René veut sa peau. C’est pourquoi, lorsque le commissaire du Roi demande au parlement de Rennes de ratifier l’édit de Bertin, le parlementaire s’y oppose farouchement, prétextant que les États de Bretagne ont signé un accord fiscal avec le Roi y a des années. Soit. Il a pas tort, mais ça n’arrange pas  franchement le gouvernement. Le Parlement va interdire la relève de l’impôt  Le pouvoir royal ne cède  pas et va imposer par lit de justice l’application du cadastre.

Un lit de justice, qu’est-ce donc ? Lorsque le gouvernement veut faire instaurer un édit, il doit le faire ratifier par les parlements (Paris et provinces) pour le rendre applicable. Mais parfois les parlementaires s’y refusent -comme dans cette affaire- et écrivent des remontrances, il s’agit de modifications ou d’un refus catégorique. Soit le gouvernement cède, soit le Roi par sa présence va personnellement tenir une séance au Parlement pour faire ratifier l’édit. C’est beau le pouvoir. Le vrai.

Les parlementaires démissionnent en masse en signe de contestation à ce lit de justice, instrument de l’absolutisme. Louis-René va jusqu’à lacérer les affiches royales de l’édit et envoyer des lettres anonymes au ministre d’État. Forcément, il se fait pécho vu qu’il est le seul à gueuler et il est exilé quelques temps avant d’être jugé.

Le procès de la Chalotais

Faute de parlement Rennais compétent, ils ont presque tous démissionné. Le révolté s’indigne de ne pouvoir avoir un procès à la hauteur de son rang.  Le Roi décide alors que l’affaire sera traitée par le Grand Conseil le 16 novembre. Ça pourrait s’arrêter là, avec un « il fut jugé puis exilé jusqu’à sa mort dans une bâtisse ma foi plutôt agréable ou il but quelques cafés avec Voltaire ». Mais non.

Peu après son ouverture,  le Roi interrompt l’audience et déclare pour apaiser  la situation que l’affaire est classée et qu’il ne veut plus en entendre parler. C’est chouette. Ça pourrait s’arrêter là. Mais non. Toujours pas. Et c’est toujours le même qu’en redemande.

Le procès du duc d’Aiguillon

Le duc d’Aiguillon.

Bien que satisfait par la décision de Louis XV, le relou, la Chalotais décide de faire un procès au duc d’Aiguillon pour avoir tenté d’imposer de force l’édit de Bertin en Bretagne. Édit que tout le monde a oublié vu qu’il n’a finalement pas été appliqué. Mais il a la rancune tenace. Le procès du duc a lieu devant la Cour des pairs.

Le Roi, qui commence a en avoir vraiment plein les c…, assez de cette histoire, estime que le duc d’Aiguillon n’a fait preuve que d’un excès de zèle. L’affaire est close. Le Roi comprend que le procès fait à son gouverneur est une critique directement dirigée contre l’absolutisme de la monarchie, il exige à nouveau le silence le plus total sur cette affaire et demande à ce qu’on lui fournisse toutes les pièces du dossier. On peut aisément imaginer les feuillets enflammer un bbq à Versailles…

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