En ce moment, je prends le métro tous les jours à la station Les Gobelins, sur la ligne 7, aussi, j’ai décidé de vous faire découvrir un pan de l’histoire de cette famille de teinturiers qui a su s’imposer dans la capitale mais surtout l’évolution d’un lieu à travers les siècles.
La station de métro a été mise en service en 1930, elle se situe dans le XIIIème arrondissement. Les Gobelins est une station sur la ligne Odeon-Place d’Italie, soit la ligne 10. Un an plus tard, elle vient prolonger la ligne 7. Mais pourquoi porter un tel nom ?
L’origine
Le premier mec dont on a quelques sources, c’est Jehan Gobelin. En 1443 il vit rue Mouffetard, alors que sa famille semble être de Reims. Il installe son premier atelier de teinturerie près du faubourg Saint-Marcel, c’est « Le Moulin des Gobelins ».
Jehan sait y faire en affaires, mais aussi en famille, puisque sa descendance va reprendre le flambeau. Petit à petit, les Gobelins vont éclipser toutes les autres familles de teinturiers. Leur truc à eux, c’est le rouge, l’écarlate (des êtres passionnés sans doute). Aussi, un siècle après l’installation de Jehan, le quartier a pris son nom. Classe quand même.
Et puis un beau jour, notre bon roi François Ier, décide d’être un petit peu relou. Il va faire installer de très importantes manufactures à Fontainebleau, et ça casse un peu le marché des Gobelins. Heureusement Henri II, lui, n’hésite pas à créer dans le quartier des Gobelins des ateliers où se regroupent des enfants pauvres et/ou orphelins pour leur apprendre l’art. Certains d’entre-eux auront une petite renommée. Mais dans l’ensemble, c’est pas foli-folichon. De vrais torchons quoi… Un peu comme mes paints.
XVIIème siècle
Lors de son règne, Henri IV a la ferme intention de dynamiser l’industrie française et tout particulièrement les tapisseries. Il aime bien ça. Du coup L’idée c’est d’acheter moins en Chine à Venise et de produire plus. Pour ce faire, on a besoin de manufactures, alors le Roi va installer deux mecs flamands dans les locaux des descendants des Gobelins (et aux alentours) pour faire plein de tissus !
Enfin, le coup de grâce. Sous Louis XIV, la manufacture va être rachetée par la Couronne. Et ça marche bien ! Tellement bien que la bonne réputation va être internationale. C’est l’âge d’or de la Manufacture qui réalise 775 pièces dont 545 avec des fils d’or. Parmi les grandes tentures, on peut citer, Les Elements, Les Saisons, L’Histoire d’Alexandre ou encore L’Histoire du Roi (ci-dessous) de Le Brun.
En 1665, l’atelier de teinture est officiellement organisé par le célèbre Colbert, aussi la teinture est réalisée à l’aide de colorants naturels d’origine végétale (gaude, garance, ou encore indigo) ou animale (kermès, cochenille(comme dans la grenadine)). C’est super chouette d’améliorer les techniques. Mais dans le Royaume, c’est un peu le bordel, les guerres coûtent cher. Le Trésor n’a plus d’argent. En 1694 les ouvriers sont virés, et la manufacture ferme ses portes.
XVIIIème siècle
Cinq ans après, on remet en marche l’établissement et on confie la direction à plusieurs architectes contrôleurs des bâtiments du Roi, dont le célèbre Soufflot. YOUPITRALALA.
Mais dès le milieu du XVIIIème siècle, la Manufacture connaît de graves difficultés financières qui ne vont faire que s’aggraver. Le Roi commande sans se soucier des finances. Le Trésor ne peut plus suivre et ne peut pas payer les artistes. C’est la faillite. Merci le toi, merci. Ça vivote jusqu’à l’arrivée de Napoléon au pouvoir. Désormais, la manufacture ne travaille plus que pour l’Empereur. Et celui-ci souhaite que chacune des maisons impériales soient ornées par les Gobelins. Du coup, ils sont environ 80 à bosser chaque jour sur des tapisseries. Il racontent l’histoire sur les toiles comme l’ont fait de nombreux peintres avant eux. Et puis, pour espérer gagner un peu plus de fric, vazi que je te fais des portraits de Napoléon et de sa famille. En plus beaux. C’est un peu comme du photoshop.
C’est entre 1824 et 1883 que le nombre de couleurs va augmenter, on passe à 72 tons et près de 14 400 coloris !
XIXème et XXème siècles
En 1825, les métiers de basse lisse sont envoyés au placard dans les manufactures de Beauvais. Désormais, à Paris, on tisse en haute lisse.
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Tu peux cliquer sur les deux images pour voir en grand.
La différence ? Le métier à tisser est vertical et non horizontal. En 1826, on retrouve la manufacture de la savonnerie à l’intérieur des Gobelins, et puis avec la Commune, ça va prendre feu et une partie va disparaître. Il faudra attendre le premier quart du XXème siècle pour le reconstruire.
Enfin, depuis 1937 la Manufacture Nationale des Gobelins est rattachée à l’administration du Mobilier National et continue de tisser des tapisseries pour orner les bâtiments publics.
Depuis quelques jours une exposition est ouverte au public et on peut découvrir une œuvre mêlant la photographie et la peinture, représentant Zahia.
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- La Manufacture Nationale des Gobelins, sur Gallica
- L’histoire d’Henri IV
- Basse Lisse, dans l’Encyclopédie raisonnée des sciences, des arts et des métiers
- Haute Lisse, dans l’Encyclopédie raisonnée des sciences, des arts et des métiers
Internet, tu peux me dire le nom de ta station de métro (pour ça, faut habiter dans une ville qui en a un, et oui) et si vous êtes un peu nombreux à participer, je ferai un petit tirage au sort pour faire un article sur certaines d’entre-elles. Parce que je suis sympa.
Superbe idée d’article !
Alors je veux bien participer pour le coup : métro porte de Vincennes. Je ne sais pas si il y a beaucoup d’histoire dans ce coin mais sait-on jamais !
à Paris je travaillais Rue des Boulets ^^ C’est aussi le nom de la station de métro, sur la ligne 9 ! J’adore cette histoire des stations de métro ! merci pour l’idée et continue ainsi, bises !
une trop facile pour toi : Abbesses !
Vavin ! Je me suis toujours demandé pourquoi ! Merci Marine pour ton humour et ton art de si bien raconter l’histoire.
J’adore ton article ! Moi ma station de métro c’est Gratte-Ciel à Villeurbanne (si tu veux changer de l’air parisien 🙂 et voir un peu d’art-déco.)
J’avais hâte justement de lire ce genre de chronique, pour en connaître un peu plus sur l’histoire des arrêts aux noms un peu loufoques ! 🙂
Coooool !
La station les réformés à Marseille, il doit peut-être avoir des chose sympas à dire dessus !
Bonne idée !
Ma station de métro, c’est White City (à Londres, « la ville blanche »). Et ça m’intrigue drôlement.
Bon c’est en Angleterre, accessoirement, alors pour l’histoire de France, on repassera… Mais bon, ça reste très poétique comme nom !
J’adore ton blog !
La mienne, c’était Crimée, c’est d’actu 😀
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Cet article est génial, comme tous les autres !
Moi j’habite entre Pyramides et Palais-Royal Musée du Louvre, un si beau quartier !
Bonne continuation !
Chouette ! Bel-air pour moi, sur la 6.
hyper intéressant ! 🙂
la station du métro pas loin de chez moi c’est Gorge de Loup…
De quoi faire rêver !
Je suis une fervente lectrice de ce blog mais j’ai raté cet article, j’aurai dû le lire bien plus tôt grâce au flux RSS. Il est très intéressant ! 🙂 Dommage que la lecture de l’article soit perturbée par des fautes typo. (par exemple : « XIXème et XXème siècles » au lieu de « XIXe et XXe siècles » – voir code typographique de l’imprimerie nationale) et que la photo de Pierre et Gilles n’est pas de copyright… Bon cela ne m’empêchera pas de me précipiter sur le prochain livre qui sortira mais le blog pourrait y gagner des points. 🙂