Il était une fois l’histoire d’une légende. La légende de la Troisième République.
On l’imagine belle et bien montée. C’est faux, tu peux imaginer quelque chose de plus… Enfin… La Troisième République n’est qu’un régime comme les autres.
Et oui. Aujourd’hui, je casse tous tes fantasmes, et aussi tous les arguments électoraux. J’ai vraiment peur de rien. La Troisième République a été longue, oui. Mais ça ne veut pas dire qu’elle a fonctionné. De nos jours, à chaque échéance électorale, on entend en boucle « Ah, les valeurs républicaines, je m’y engage… » « L’école Républicaine » « La liberté, l’égalité, la fraaaternité » bref tout ça quoi, ils font référence à la Troisième République, « La plus longue que l’histoire ait connu ».
C’est pas la taille qui compte
La Troisième République est réputée pour sa longueur, 70 ans au plus large, 65 si l’on respecte la date constitutionnelle. Cependant, la durée d’un régime n’en fait pas sa qualité.
Effectivement, la Troisième République a su surmonter les crises et déjouer la fatalité de tous les régimes depuis 1789. La première République a duré 7 ans, la deuxième quatre. C’est pas brillant. La Troisième va survivre au boulangisme en 1886/1889, ça, c’est déjà pas mal. L’idée du Boulangisme était de supprimer la Troisième République, de l’écraser, de lui faire la guerre. Les boulangistes veulent prendre leur revanche sur les Allemands, réviser toutes les institutions. Ils veulent refaire le squelette de la France. La gauche et la droite se retrouvent dans les rangs de Boulanger. Et puis, finalement, ça capote.
La durée n’est qu’une valeur comptable. Bin oui, car si le régime a duré 70 ans, en son sein, c’était pas franchement amour, gloire et beauté. Oh non. Revenons sur son histoire.
La chronologie, ça compte
4 septembre 1870: Tadaaaaaam. Il s’agit de la proclamation de la république par Gambetta (alors qu’il voulait pas du tout ça lui, il envisageait plutôt un gouvernement transitoire). C’est la guerre et la défaite qui ont créé la République, c’est de l’improvisation, rien n’est vraiment prêt à être mis en place. L’honneur national est sauf, mais la République n’était pas la priorité.
C’est donc d’un point de vue militaire et patriotique que la république apparait. Les relous républicains vont renier la date du 4 septembre. En fait, il ne reconnaissent ni le caractère de naissance, ni le mérite d’une fondation en tant que telle. Les républicains convaincus renient la journée révolutionnaire comme modalité d’entrée dans la Troisième République. Il veulent fixer une date légale. Une date qui a du sens.
En fait, la date du 4 septembre 1870 n’est que conventionnelle. La république construit le sens de son existence au rythme de ses accomplissements, pas comme la Cinquième qui se fait par de Gaulle et de manière super légale pour sortir le pays de la crise post-Seconde Guerre mondiale.
Vu que les républicains sont relous tatillons, la date de 1875 ne les séduit pas plus que 1870. L’identité du régime n’est pas mieux fixée. Et puis, il n’y a pas de ratification populaire, c’est un régime provisoire mais constitutionnel. Au fil des années, un fossé se creuse entre les textes de la Constitutions de 1875 et les pratiques… Par exemple, le président qui est complètement effacé, ou encorer l’hostitilité envers la deuixème chambre du Parlement… Alors on voudrait réviser… mais c’est compliqué. A l’époque, être Républicain, c’est être de gauche. Or, le terme de révision renvoie une image très à droite. Donc les Républicains reculent, encore, et encore, et toujours. Aussi, il faut attendre les année 30 pour voir une réelle volonté de réforme de l’Etat. (Mais voici la vérité vraie, c’est le Gouvernement Provisoire de la République Française entre 1944 et 1946 qui va vraiment porter un coup de neuf sur les institutions françaises avec une république sociale et en marche vers l’égalité. Pas avant. Non.)
En fait, la République a toujours été en demi teinte. On ne peut pas parler de durée ni de fermeté. Le régime était constamment en sursis. Il est plus correct d’imaginer que la République a connu des coups de mou, puis s’est redressée pendant quelques temps, puis elle retombe, puis… Bref. Si la République a connu de nombreuses prolongations c’est parce que les Républicains ont appris le jeu du vote et de la séduction électorale. Gagner les élections, oui, s’imposer… Bof… Personne n’y arrive. C’est un coup la gauche, un coup la droite. Le régime apparaît comme un cache-misère, les politiques font des compromis, renoncent, finalement, jamais ils ne s’imposent mais conservent les institutions pensant qu’elles jouent en leur faveur. Alors qu’en changeant le mode de fonctionnement du parlement (qui est mou, est long), les Républicains auraient pu gagner le soutien de la population. Mais ils l’ont perdu.
En 1940, c’est le coup de guillotine. La fin de la longue République.
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- Les années folles, c’était pas si foufou
- Une contre histoire de la Troisième République, Marion Fontaine, Frédéric Monnier, Christophe de Prochasson.
Joli article! J’ai toujours une image du boulangisme, de gens se battant avec des baguettes de pain et des pains au chocolat (la chocolatine ne passera pas par moi!). Ton article a une connotation très sexuelle je trouve, « mou », « se redresse », « retombe », j’ai eu l’impression de lire l’histoire d’un mauvais plan cul (ce qu’à été la 3ème république non?)
La ligue des gentlemen ordinaires du grand occident pour la défense de la chocolatine réagit : « Si les Girondins étaient restés au pouvoir, nous ne parlerions que de chocolatine. »
Joli éclairage ! Je n’imaginais pas des républicains aussi pète coui…. chiant.
ps : attention, le verbe apparaître prend 2 p. Comme dans magicien qui lui en a aucun.
Je ne sais pas pourquoi, cela ressemble à quelque chose que je connais… Je l’ai sur le bout de la langue… Ah oui ! C’est ça, mais c’est bien sûr ! La 5ème République des années 2000 ! Un coup la gauche, un coup la droite et personne ne fait vraiment son boulot… Cool ! Tu m’as remonté le moral dis donc ! Un moment j’ai cru qu’on aurait de l’espoir pour le futur et je me rends compte que c’était déjà comme ça avant. On l’a échappé belle !
Bof. Premier article que je trouve très moyen ici, ni drôle, ni historiquement précis. Présenter De Gaulle et son coup d’État comme une réussite « super légale » pour sortir de la « crise post-SGm » (euh ?) est plus que douteux.
« ou encorer (encore) l’hostitilité envers la deuixème (deuxième) chambre du Parlement »