Une enfance au poil !
Le 5 mars 1865, Clémentine Clatteaux voit le jour à Chaumousey, dans les Vosges. Ses parents sont agriculteurs et Clem vit une enfance on ne peut plus classique entre amour familial et travaux dans les champs. À 14 ans, alors que ses seins et ses poils poussent, il est possible de remarquer un léger duvet sur sa lèvre supérieure. Jusque là… Bon, c’est pas funky, mais quand on est brune tout ça, ça arrive souvent. Malheureusement pour la jeune fille, l’histoire ne s’arrête pas après un ou deux coups de pince à épiler. Le duvet se transforme peu à peu en une véritable moustache et le rasoir ne fait qu’accentuer ses poils déjà drus.
Jusqu’à ce que le poil nous sépare !
À l’âge de vingt ans, Clem’ a grossi, son visage est bien rond et elle n’a plus rien d’une jeune fille. Elle a du poil. C’est loin d’être une catastrophe pour Joseph Delait qui décide de l’épouser, elle et ses joues râpeuses. Clémentine travaille alors avec son mari Jojo, il est boulanger, et elle, elle vend le pain. Au départ, honteuse, Clémentine se rase tous les jours et puis petit à petit, c’est relou, tout le monde le voit, elle ne sait plus quoi faire. STUPEUR DES CLIENTS, LA BOULANGÈRE A UNE BARBE. Les clients s’en amusent gentiment. Après tout, tant que le pain est bon !
Le café de la Femme à barbe
Malheureusement, la boulangerie qui a une clientèle nombreuse du fait de la vendeuse doit fermer. Jojo a des rhumatismes et il ne peut plus assurer le boulot de pétrissage, alors il décide d’ouvrir un café. Son nom ? Le Café de la Femme à Barbe.
C’est un véritable succès, la salle ne désemplit pas, alors le couple s’accorde quelques jours de vacances en 1901 et s’en va à Nancy, à la foire. Un mec fait son show et montre aux yeux de tous une femme à barbe. Stupéfaite, le femme à barbe lâche à Clementine Delait un « Mais madame, vous avez plus de barbe que moi ! ».
Oscar Péron, un passant, la défie de se laisser pousser la barbe pour 25 louis. Les jours passent, les poils poussent. Si Clémentine ne reçoit jamais ses 25 louis, son café fonctionne de mieux en mieux. C’est vrai, ça attise la curiosité, une femme à barbe, les gens viennent se rincer l’oeil.
Business is business
Clémentine sait tirer profit de cette erreur de la nature, lorsqu’on veut la prendre en photo, elle demande un cachet. Les tarifs sont différents selon si elle pose dans le café, devant celui-ci ou à côté d’un miroir, d’un vélo. Clémentine pose même avec ses 100kg, sa barbe frisée, vêtue en homme, fumant un cigare et buvant une chope de bière. Bim, théorie du genre. Pendant la guerre 14-18, Clem s’engage dans la Croix-Rouge et devient mascotte des poilus (lol).
Une fois la paix retrouvée, le couple Delait ouvre une boutique de broderie à Plombières. On ne sait plus qui de Clémentine ou du pont de Plombières attire le plus de monde dans le village.
Un jour, Barnum propose à la femme à barbe de rejoindre son écurie des curiosités humaines. Elle refuse, son mari est malade et en 1918 ils ont adopté une petite orpheline de guerre, Fernande. Elle préfère rester avec eux plutôt que partir dans un cirque et toucher 3 millions de francs.
Lorsque Jojo décède en 1928, Clém ouvre un nouveau troquet ou elle se met en scène avec un perroquet sur l’épaule. Elle pose avec le prince de Galles ou encore le shah de Perse.
Clémentine décède en 1939 à l’âge de 64 ans d’une crise cardiaque, elle avait exigé avoir comme épitaphe : « Ici gît Clémentine Delait, la femme à Barbe ».
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- On remercie Clément Rien pour ses illustrations, et on va le voir sur son blog : T’as réussi ta vie connard ? et aussi sur l’article sur la sexualité au moyen âge !
- Photo : Les mystères de France, J-M Cosson, De Borée, 2009.
- Redécouvrir : le mystère du pain maudit de Pont-Saint-Esprit
A 20 an on n’est plus une jeune fille ?! Bah dis donc ils devaient vieillir plus vite que nous en 1900…
Mon grand-père paternel l’a connue à la fin de sa vie, il s’en souvenait comme d’une femme très gentille (ouais je sais c’est léger comme souvenir mais hé ho, j’ai pas toujours un scoop sous la main!).
Elle a été enterrée où? Non parce que je suis du coin…
Il me semble que c’est au cimetière neuf de Thaon les Vosges !