Les peines de l’Inquisition, et les femmes cathares

En 1307, Bernard Gui, inquisiteur de la ville de Toulouse décide d’épurer les quartiers de la ville où se développe dangereusement l’hérésie cathare. De nombreuses personnes vont finir au bûcher, les autres vont connaître diverses peines. En effet, Bernard Gui va exercer pendant 17 années à Toulouse, 17 années durant lesquelles ont été prononcées 930 sentences.

Soit :

  • 139 acquittements,
  • 143 pénitences canoniques ou imposition de croix,
  • 152 obligations de pèlerinage en Terre-Sainte,
  • 307 emprisonnements,
  • 69 corps exhumés et brûles,
  • 22 maisons détruites,
  • 42 personnes remises au bras séculier et donc, condamnées au bûcher.

La famille de Proaude représente à elle seule quatre punitions différentes.

Le catharisme, en bref

Le terme cathare n’a été utilisé qu’au XIXème siècle. En fait, il n’y a pas vraiment de mot pour qualifier ces mecs et meufs là. Entre eux, ils s’appelaient « Apôtres », « Chrétien-es », « Bons hommes et bonnes femmes », ou encore les « Parfait-e-s ». Par facilité, j’utilise les mots cathare et hérétique. OK ?

Le catharisme commence au début du premier millénaire. Le catholicisme dénonce rapidement cette nouvelle hérésie. Depuis Constantin et le concile de Nicée de 325, la religion catholique doit être la religion unique et officielle. Point. Pas de négociation possible. Je vous en ai déjà parlé ici.

Les cathares n’ont qu’un seul but, retrouver le message du Nouveau Testament : l’idéal de l’Église chrétienne primitive et la promesse du salut. Ils excluent l’Ancien Testament, réfutent le baptême dans l’eau, et nient la transsubstantiation dans l’eucharistie. Ils sont végétariens et font preuve d’ascétisme.


Continuer la lecture

Share Button

MACL, Marie Antoinette Cocufie Louis, je vous l’assure !

Si tu habites Paris, ou si, comme moi, sombre provincial-e, il  t’arrive d’arpenter tout de même les rues de la capitale, tu as peut-être déjà vu ces quatre lettres sur les façades de certaines maisons.

Qu’est-ce que ça peut vouloir dire ?

Ce n’est ni le nom d’un mec, ni une inscription pour dire que tu es bien arrivé chez ton notaire/dentiste/avocat. Non, ça signifie simplement que la Maison est Assurée Contre L’incendie. Bin, ouais. C’est tout. C’est comme si tu gravais sur ta porte « Je suis à la MAIF », « J’ai bien un contrat chez Axa », ou je ne sais quel autre truc d’assurance. Ça a l’air complètement con, et pour ne rien vous cacher ça l’est un peu.

C’est au XVIIIème siècle que les premières maisons ont été assurées contre les incendies.

À la base, le terme « assurance » c’est un terme de commerce maritime, c’est pour dédommager les accidents occasionnés par les vaisseaux.

Et puis, petit à petit, on le développe à tous les accidents de la vie. C’est difficile à mettre en place, alors pour se faire un peu de bonne pub, les assureurs demandent aux propriétaires de grandes demeures de faire inscrire ces quatre lettres sur leur façade. Tous les nobles et certains bourgeois se retrouvent gravés, mais pendant la Révolution, ça va poser un peu problème…

*

 

Marie-Antoinette Cocufie Louis

À partir des années 1785, quand la colère commence à gronder autour de Versailles et de la royauté, les sans-culottes décident d’utiliser ces lettres et d’en changer le sens. « Marie-Antoinette Cocufie Louis ».Ça fait rire tout le monde, et l’expression va être utilisée partout dans Paris. Continuer la lecture

Share Button

Asia Bibi, l’histoire de la meuf condamnée à mort pour blasphème.

Voici l’histoire d’une femme, Asia Noreen, aussi appelée Asia Bibi, elle a une quarantaine d’années, elle est mère de famille de cinq enfants, et elle est condamnée à mort pour une petite phrase. Et encore, on est même pas sur qu’elle l’ait vraiment prononcée.

Les faits :

Asia est chrétienne, elle vit au Pakistan. C’est un peu bizarre comme idée, sachant qu’au Pakistan, il n’y a qu’une seule religion reconnue, l’Islam. Tout le reste c’est mal.

Un jour, alors qu’Asia Bibi boit de l’eau dans une source du village, des femmes l’interpellent et lui demandent de partir. Désormais, l’eau est haram, c’est-à-dire qu’elle est impure. Bin, oui, juste avant, la chrétienne en a bu. Il s’agit d’une source réservée aux musulmans. Les castes, tout ça…

Asia est un peu véner, elle ne supporte pas ce rejet, aussi, elle explique qu’en montant sur la croix, Jésus-Christ est mort pour l’humanité, mais qu’a fait le prophète Mahomet pour elles, et l’humanité ? Rien du tout. Les femmes du village vont voir l’imam pour expliquer la situation, genre, « t’as vu ce qu’elle a dit ? Putain, elle a osé quoi, quelle connasse. ». L’imam va porter plainte.

Continuer la lecture

Share Button

Le corbeau et le cadavre, ou l’histoire d’un avortement, d’un mec sensible et d’une cinglée

Salut internet, je suis encore allée mettre le nez dans les archives de l’Ancien-Régime, je vous ai trouvé une chouette histoire qui n’est pas chouette du tout. On cause droit de la femme et baston sur l’échafaud.

 

Une sale histoire de viol et d’avortement

Hélène Gillet est une jeune fille fraîche, fertile et pétillante. Genre vraiment. Aussi, durant l’été 1624, un mec fou amoureux d’elle rentre dans sa chambre et la viole. Bon. On est d’accord, c’est une histoire qui commence très mal. Un viol c’est pas rigolol, et pour en rajouter un peu, la malheureuse Hélène tombe enceinte. Putain. C’est un peu la galère. Elle ne dit rien à personne, mais personne n’est dupe.

Le village de Bourg-en-Bresse, qui connaît la châtelaine depuis sa tendre enfance, voit son ventre s’arrondir de jour en jour. Rapidement, tout le monde la soupçonne d’être enceinte, mais elle n’est pas mariée ! Va-t-elle finir fille-mère ? Pendant que les ragots vont bon train, Hélène prend son courage à deux mains, une aiguille et va voir une matrone. Hop, le tour est joué. Le fœtus est enveloppé dans du linge, et Hélène retrouve une vie normale pendant quelques semaines. Les Burgiens, qui ne sont pas des personnes sympas et compatissantes vont prévenir les autorités. La petite Hélène a avorté, et c’est très mal.

Depuis Henri II, c’est pas funky quand on veut avorter. Genre vraiment pas. Que l’enfant soit né, ou encore dans le ventre de sa mère, le faire disparaître c’est la même chose (on va pas rentrer dans le débat de pour ou contre l’avortement). C’est un infanticide, c’est donc la peine capitale. Par contre il faut des preuves. Un cadavre. Continuer la lecture

Share Button