L’héroïne de Minsk, Macha Brouskina pendue à 17ans

Concrètement aujourd’hui, je ne raconte pas une histoire drôle, et je ne parle même pas de bite. Je vais vous parler d’une exposition qui a eu lieu à la BNF et qui a donné naissance à un livre que j’ai déjà évoqué dans deux articles. Ce livre, c’est Controverses Une histoire juridique et éthique de la photographie de Daniel Girardin et Christian Pirker.

Des expositions de photographies, diverses et variées, il y en a souvent. Mais celle-ci mêle la beauté, les montages (les fées), les polémiques juridiques (le Baiser de l’Hotel de Ville) et la mort. Aujourd’hui je vous parle de l’histoire des photographies de l’Héroïne de Minsk. C’est pas une jolie histoire.

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Le 26 octobre 1941, dix biélorusses sont pendus au centre de Minsk par des soldats Allemands. Ou affiliés. L’idée c’est de donner l’exemple. Regarde, ils se sont révoltés, ils ont lutté contre notre puissance et notre idéologie, nous les avons pendus. Nous gagnons toujours. Surtout, n’essayez pas de vous battre.

C’est ça l’idée. Pour que ça marque bien les esprits, les corps doivent rester suspendus plusieurs jours, jusqu’à une décomposition avancée. Quand ça coule et que ça pue.

Aucune photo dégueulasse n’est affichée dans l’article, les photos des personnes pendues sont toutes dans les liens en rouge.

 Les pendus

 Macha Brouskina

Macha (ou Maria) Brouskina est née en 1924. Elle est née dans une famille juive, mais aucune info n’est dévoilée. On ne sait pas grand chose. D’ailleurs, pendant plusieurs dizaines d’années son identité a été cachée. Bin oui, faudrait quand même pas qu’on sache que l’héroïne est juive… C’est en 1996 qu’elle est rendue publique, et qu’on lui rend hommage.

Lorsque la Wehrmacht arrive en juillet 1941 à Minsk, la jeune fille est forcée de vivre dans le ghetto de Minsk avec sa famille. Et puis, elle va s’engager dans la résistance. C’est une militante convaincue du parti communiste. Elle s’engage comme infirmière à l’hôpital de l’Institut de polytechnique, mis en place pour soigner les victimes de l’Armée rouge. En plus de son rôle d’infirmière, elle fait du trafic de documents, et d’armes pour permettre aux soviétiques d’attaquer les Allemands. Elle va aussi aider de nombreux soviétiques à fuir en utilisant de faux papiers d’identité.

Le 14 octobre 1941 elle est arrêtée par des troupes nazies. Elle a été dénoncée, ainsi que ses complices : Volodia et Kiril.

Après son arrestation, Macha Brouskina a écrit une lettre à sa mère le 20 octobre 1941 :

« Je suis tourmentée par la pensée que je t’ai causé de grands soucis. Pardonne moi. Rien de mauvais ne m’est arrivé. Je te jure que vous n’aurez pas de désagréments supplémentaires à cause de moi. Si tu peux, fais-moi parvenir ma robe, ma blouse verte, et des chaussettes blanches. Je veux partir d’ici en uniforme scolaire… »

Volodia Chtcherbatsevitch

Volodia est né en 1925, il a 16 ans, il est engagé dans la résistance et va être pendu à coté de Macha. Au même moment, le 26 octobre, sa mère Olga Chtcherbatsevitch est pendue quelques rues plus loin. Pour les mêmes motifs.

Kiril Trus

Kiril est un vétéran de la Première Guerre mondiale. Il sera arrêté et pendu avec Macha et Volodia.

Avant la pendaison, les trois résistants font le tour de la ville. Macha porte au cou une pancarte :

« Nous sommes des partisans et nous avons tiré sur les troupes allemandes. ». En fait, tous les résistants capturés sont obligés de porter cette pancarte, même s’ils n’ont tiré sur personne. C’est de la prévention de guerre quoi.

Les trois compagnons sont pendu en face d’une brasserie, à l’actuel 15, rue Oktiabrskaïa. Les corps resteront en place trois journées entières.

Le même jour, Elena Ostrovskaïa et deux hommes, dont un qu’elle a tenté de sauver, Nadejda Ianouchkevitch et son mari Petr et Zorine seront également pendus à Minsk.

Les témoignages

Témoignage de Piotr Pavlovitch Borissenko :

« Quand on la mit sur le tabouret, la « fille » tourna la tête vers le mur. Les bourreaux voulaient qu’elle tourne le visage vers la foule, mais elle se détournait toujours et restait ainsi. Peu importe combien de fois ils tentèrent de la tourner vers eux, elle tournait toujours le dos au groupe. Enfin, ils abandonnèrent et donnèrent un coup de pied dans le tabouret afin de le pousser sous elle. »

Avant d’être pendu, Volodia Chtcherbatsevitch, avec la fougue de sa jeunesse a déclaré, sourire en coin à ses bourreaux, que d’autres le suivraient et le vengeraient !

Attention contenu pouvant heurter la sensibilité de tout le monde (c’est pas une blague)

Photo 1 (pancarte)Photo 2 (pancarte)Photo 3 (pendaison)Photo 4 (pendaison)Photo 5 (pendaison)Photo 6 (pendaison Kiril)Photo 7 (pendaison Kiril, Macha, Volodia)

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 Controverses : Une histoire juridique et éthique de la photographie

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4 thoughts on “L’héroïne de Minsk, Macha Brouskina pendue à 17ans

  1. Quel bel article ! Et quelle jeune femme courageuse, mais pas qu’elle bien sûr. Ils ont tout mon respect et ma considération ! C’est très émouvant.

  2. Je suis impressionnée que même dans cette situation désespérée, Macha a trouvé un moyen de refuser de servir la propagande nazi en tournant son visage vers le mur. Sans doute, c’était important important aux nazis d’exhiber son visage souffrant et puis mort, pour faire une impression sur la foule. Au lieu de quoi, Macha a montré qu’elle était plus intelligente qu’eux et n’avait rien perdu de son esprit de résistance.

  3. Quel courage… Quelle beauté… Ca me donne les larmes aux yeux, si seulement nous pouvions avoir un millième de leur coeur et de leur force. Nous ne pensons qu’à nous déchirer et condamner les autres pour nos erreurs. Merci pour cette histoire.

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