Il est très important de boire et de manger à Rome, aussi, après vous avoir parlé de la prostitution, et de l’allaitement maternel, avec Polina, nous avons décidé de faire des billets croisés sur les repas durant l’Antiquité, selon un texte trouvé sur Gallica et quelqu’autres recherches. Attention, on ne va pas parler de pizza parce qu’elle a fait son apparition qu’au premier millénaire. Eh oui, la pizza n’a pas toujours existé. Pareil pour les pâtes bolo ou carbonara (sans crème on a dit, déconne pas !). Bin alors ? Ils mangeaient quoi les Romains ?
Assis ? Couché ? Debout ?
Les bonnes manières à table
A Rome, on mange couché. Non je déconne, ça c’est ce que tout le monde pense. En fait, on mange plutôt assis. C’est plus pratique quoi. Après, c’est assez classe d’être couchés quand même. Plus t’es important, plus tu t’allonges. La salle à manger s’appelle le triclinium (car elle comporte, à la base 3 lits) et le nombre de convives est de neuf. Plus : c’est trop. Moins : ça fait pouilleux. Les familles plus modestes mangent dans l’atrium. La table est en bois, on la recouvre d’une nappe qu’à partir de Domitien, au Ier siècle. Jusque là, on essuyait juste la table avec un chiffon. Classique quoi.
Aussi, chose importante, chaque table doit avoir une salière. Le plus souvent en argent. Le sel est important, c’est une oblation aux Dieux. Pour les couverts, c’est un peu YOLO. Ils sont peu pratiques, sauf le couteau. Pour les assiettes et les bols, c’est en terre cuite pour le commun des mortels, et en argent pour le mec qui a des thunes. Et du pouvoir. Mais ça va souvent ensemble. Je dis pas que l’argent achète le pouvoir hein. Enfin, si, je le dis.
Après leur arrivée, les invités revêtent une tunique spéciale, la synthesis, qui leur sert de serviette. Et aussi, on enlève les chaussures, pour être à l’aise ! Tout le monde s’installe et les mets arrivent. Ils n’arrivent pas seul tout, ce sont des esclaves qui les apportent. Entre chaque service, on propose de l’eau aux invités, pour boire, mais aussi pour se laver les mains. C’est pas le tout de s’essuyer les doigts sur la tunique, parfois, ça pègue. J’ai le droit d’utiliser ce mot biend’chezmoi depuis qu’il est entré dans le dictionnaire en 2014. Alors un peu d’eau, c’est appréciable !
C’est quand qu’on mange quoi ?
Le rythme et le régime alimentaire romain
Voici un emploi du temps alimentaire d’un bourgeois romain.
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Entre 7 et 9h : jentaculum : pain frotté de sel ou d’ail trempé de vin, miel, fromage, lait, œufs, fruits secs.
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Entre 11 et 12h : prandium : viandes froides et légumes de la veille.
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A 14h en hiver, 16h en été : la céna : bouillie de légumes, poissons, viandes (mais pas trop et JAMAIS de bœuf), chevreau, porc, volaille, parfois du veau. C’est à ce moment là de la journée qu’on lieu les banquets, souvent dits comme orgiaques.
Le repas se fait en trois parties :
L’entrée qui se compose de légumes, d’œufs et de petits poissons. Le plat, avec du loir, des tétines de truies, ou encore, accrochez-vous, le l’utérus de brebis farci à la chair à saucisse. Pour le dessert on mange des fruits au poivre (le comble du chic!), mais aussi des coquillages, genre huîtres, ou des escargots.
Quand tu n’as pas de fric, du mange de la bouillie de pain. Que tu bois dans des bols en terre cuite. Ou alors, du blé, des grives et pinçons, du lièvre et des figues. Voire du lait caillé.
Initialement, les romains, ils vivaient un peu en autarcie. C’est à dire qu’ils ne consommaient que ce qu’ils produisaient. Ce sont des locavores. Puis au fil des conquêtes, ils découvrent de nouveaux produits, de nouveaux goûts et y’a pas d’raison pour qu’ils n’en profitent pas. Aussi, ils vont être amenés à importer plein de choses, des citrons, des truffes, du gibier, des pastèques, des paons, mais aussi des flamands roses, de la coriandre, des aromates et des épices. Oui, j’ai bien parlé de flamands roses. Ça doit être bon, un peu comme du poulet aromatisé à la crevette.
Au fil des siècles, plus la table comporte des mets exotiques, plus elle est luxueuse. Un peu comme les seigneurs qui mettent des épices dans le pinard au Moyen Age.
Trop boire et trop manger à Rome
Le banquet
Les festins se déroulaient à l’heure de la cena (vers 15 heures). Plusieurs Romains se réunissaient chez l’hôte pour faire un énorme repas. Finalement, c’est comme un repas, mais en pire. Il y a des musiciens, des danseurs (mais surtout des danseuses), des acrobates et des plats à n’en jamais finir. D’ailleurs, il se dit que certains Romains prenaient quelques vomitifs pour pouvoir tenir tout le repas. On peut le prendre soit entre le deuxième repas et la cène, soit pendant la cène, soit après. Pour ne pas être malade, on se fait vomir… Vitellius mais aussi Jules César sont réputés pour s’être faits vomir à plusieurs reprises. Les médecins conseillent vivement les purgatifs aux personnes qui font des excès de manger et de boire. Trop manger rend le teint blème, les joues flasques, mais surtout, ça rend obèse. Et on sait que les obèses sont stupides et sans mémoire. Les vomitifs sont aussi excellents en ce qui concerne la picole. Parce que durant le repas, ça boit du pinard tranquille, pour pas altérer le goût des aliments, mais au moment du dessert, ou juste après, là, ça attaque sévère la bouteille de vin. On le coupe à l’eau (chaude!), mais pas trop, surtout pour les malades ou les vieillards.
Il existe quelques jeux à boire/rituels qui ne facilitent pas la vie des Romains. Par exemple, le verre, le sextarius, contient 12 cyathi, soit un litre de vin. Il faut boire un certain nombre de cyathi en fonction de la personne à qui tu portes un toast (tu prends son nom et c’est un cyathi par nom)(Marine GASC, ça va, 4 cyathi ça fait pas trop). Tu peux même porter un toast aux absents, et ça fait picoler tout le monde.
A taaaable !
Un cuisinier romain
Apicius aime la bouffe, genre vraiment, il aime manger et cuisiner. En 91 avant notre ère, il va se faire remarquer pour une de ses spécialités : la truie aux figues sèches et au vin miellé. Il écrit deux ouvrages importants, Ars Magirica et De Re Coquinaria.
Un jour, le mec fait ses comptes. Apeuré, il décide de se suicider. Bin, oui, il s’estime ruiné et ne veut pas être sans le sou, alors, hop il met fin à ses jours. LA vérité, le bonhomme il a 10 millions de sesterces, c’est genre l’équivalent de beaucoup beaucoup d’argent. Mais bon, la pauvreté, c’est subjectif. Enfin, non, pas depuis qu’on a instauré la notion de seuil de pauvreté. A 1€ près, tu passes de pas pauvre à pauvre. Ça fait pas rêver.
Bref Apicius est un vrai cordon bleu, aussi, il existe une recette à son nom : le Canard Apicius. La voici revisitée par Senderens : il faut faire bouillir de l’eau avec de la coriandre, du fenouil, du poivre et du cumin, une fois que ça bout et que ça sent bien bon, tu plonges les filets et tu rajoutes du miel, 60g d’épices et du vin blanc. Tu sors du feu, tu laisses refroidir et tu mets au frais pendant une nuit entière. Ensuite, tu récupères tes filets et tu les fais revenir à la poêle puis cuire à 180°c pendant 8 minutes au four.
Pour suivre la recette d’Apicius, il faut servir le canard avec le bouillon qui a été utilisé à la cuisson et des dattes farcies.
A vos cuisines !
« En 91 avant notre ère, du temps de Néron » –> Je crois qu’il y a un petit soucis à cet endroit 🙂
Et ce qui est important de rappeler à propos d’Apicius, c’est que le De re coquinaria qui lui est attribué date en réalité du IV ème siècle ap. J.-C.
Wa wa wa c’est gerbant tout ça.
On se croirait à un repas de Noel version hard.
La recette, par contre, a l’air délicieuse!
Bises
ils mangeaient des pinçons ou des pinsons ? 😉