Aujourd’hui je vous parle d’une photo que vous connaissez tous. Même toi au fond. L’image est célèbre. Vraiment. On la retrouve souvent en poster dans les restaurants, en coussin chez GIFI ou encadrée sur amazon. Cette photo, c’est celle d’une locomotive qui se casse la gueule à travers un mur. Plus précisément, il s’agit d’un train en provenance de Granville qui démonte la façade de la gare Montparnasse en 1895, sur les coups de 16h.
C’est spectaculaire n’est-ce pas ? Voici l’histoire de ce terrible accident.
Le train n°56 en provenance de Granville et à destination de Paris
Le 22 octobre 1895, dans le train n°56 en provenance de Granville, tout va bien. Il doit arriver voie 6 à la gare Montparnasse, mais en fait, il va s’arrêter un peu plus loin… Avant d’arriver à Montparnasse, il n’y a pas de problème majeur. Le train est parti à 8h45 de la Basse-Normandie, le chauffeur, Victor Garnier n’est ni bourré, ni malade, ni mort. Le mécanicien, Guillaume Pellerin non plus. Lors du passage du train à la gare Versailles-Chantier, il y a un petit retard de sept minutes, mais quiconque prend le train deux fois dans sa vie sait qu’il y a TOUJOURS du retard et que sept minutes, ce n’est rien du tout. Rien à signaler. Et puis, arrivé en gare à Paris, le train est lancé sur les voies à 40km/h là où il devrait déjà être arrêté. Il casse le butoir, il traverse un terre-plein au bout des voies, et puis, il va se manger la façade.
Emportée par la vitesse, malgré les obstacles successifs, la locomotive traverse la façade pour se poser dans la cour. En bas. Le reste du train n’a pas déraillé et est encore sur les voies. Normal. Le train arrive à 16h, au lieu de 15h55… Même en donnant tout, ils sont jamais à l’heure !
L’enquête sur l’accident de train
Dès les premières heures le mécano, le chauffeur et le conducteur de tête sont interrogés. Les trois parlent d’une panne de frein. On s’en serait douté. Sur les trois passages repères avant la gare Montparnasse, à Ouest-Ceinture, ça freine, à Procession aussi, mais à Château, soit quelques mètres avant l’arrivée, c’est mort, le train est à 65km/h. L’ordre de renverser la vapeur est donné, celui d’actionner le freinage d’urgence aussi, mais on s’en est rendu compte trop tard… Le train est arrivé à 40km/h.
Il y a eu débat : est-ce que le conducteur a fait tout ce qu’il fallait ? Manifestement, non. Il aurait dû ouvrir le robinet de secours du frein à air, alors qu’il a seulement utilisé le frein à main de la locomotive. Concrètement, c’est un peu du chinois pour moi la mécanique de train… Le fait est que deux bonshommes, le mécano et le conducteur ont été reconnus coupables, mais pas trop. Il y a tellement de circonstances atténuantes que le mécano se retrouve à deux mois de prison avec sursis et 50 franc à payer, et le conducteur de tête à 25 francs d’amende.
Le nombre de morts
Aussi incroyable que ça puisse paraître, il n’y a eu aucun mort ni blessé dans le train. Aucun, ZERO. QUE DALLE. En revanche, face à la façade, il y avait une bonne femme qui vendait des journaux. Tranquillement. Sans risque apparent. Bin, elle, elle est morte, et en plus elle n’avait que très peu de chance de s’échapper. Elle a pris un morceau de mur d’une centaine de kilos sur le front avant de prendre le cendrier entier de la locomotive. Un bain de sang. Bin oui, le cendrier ce n’est pas le cendrier perso de la voiture 4 ou du chauffeur, non, il s’agit d’une grosse pièce dans la locomotive, celle qui sert à récolter les cendres du bois ou du charbon brûlé pour faire avancer la machine. Si tu as du mal à imaginer, Wikipédia nous montre très bien ICI. Marie-Augustine Aiguillard avait 39 ans et était mère de deux enfants de 5 et 9 ans…
Son mari a été indemnisé (faiblement) par la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, et la scolarisation des gamins a été également prise en charge par la Compagnie, avec promesse faite de leur trouver un emploi dans ses services. Genre, bon les mouflets, ça vous dit de travailler là où maman est morte ? Non ? Bin tant pis, on va vous trouver une place quand même. Chouette chouette chouette.
Les pubs pour la Compagnie
Vacances à la plage, et viens voir des noirs, ils sont dans des cages… Faut cliquer pour agrandir.
Thierry Meyssan est formel : la loco à 65km/h n’a pas pu défoncer cette façade.
; )
La loco et le reste ne traverse pas la façade en pierre mais la grande baie vitrée. Ceci explique le peu de dégats finalement. Contre de la pierre les choses se seraient déroulées plus dramatiquement sans doute…
Merci de la précision : )
(mon commentaire sur ce complotiste du 11/9 était de l’humour évidemment)
mecano chauffeur d ‘accord mais c’est quoi le conducteur de tête
commentaire intéressant malgré quelques approximations et un ton un peu trivial qui passe mal , car on s’adresse à tout le monde et non à une réunion de copains