Aujourd’hui je vous parle d’une femme qui a des convictions. Elle est pleinement révolutionnaire. Elle veut renverser le système politique, la monarchie et tout le tintouin, mais elle ne veut pas du régime de la Terreur avec les exécutions à la pelle. Alors, bin… Elle va poignarder le chef des révolutionnaires dans son bain, Jean-Paul Marat.
Voici son histoire illustrée par Caroline Drogo : Son site internet, sa page FB et son instagram ! Mais aussi par Gallica.
Une enfance normale (bin oui)(et sans jeu vidéo)
Marie-Anne-Charlotte de Corday d’Armont est née le 27 juillet 1768 en Normandie. Sa famille a du fric, pas trop trop, mais tout le monde vit correctement. Marie-Anne-Charlotte, qu’on va appeler Charlotte Corday, va connaître une éducation religieuse très stricte, mais va également s’instruire à l’abbaye aux Dames de Caen. Lecture, écriture, philosophie, littérature, Charlotte touche à tout. D’ailleurs, saviez-vous qu’elle est une descendante de Corneille ? (pas le chanteur, déconnez pas) En 1791, une loi oblige tous les couvents et lieux religieux à fermer pour devenir des lieux nationaux. Charlotte Corday a 23 ans et elle va mettre les deux pieds dans l’ère révolutionnaire !
Charlotte Corday, une révolutionnaire convaincue
La jeune fille quitte le couvent et retourne vivre chez ses parents, mais pas longtemps, faut dire que ça ne la fait pas trop rêver l’agriculture, elle s’intéresse de très près à ce qui se passe à Paris et en politique. Aussi, elle décide de partir vivre chez sa tante, à Caen. Ici, elle rencontre de nombreux révolutionnaires, des girondins, et embrasse leur cause. De fait, elle se retrouve confrontée aux idées des Montagnards, et les Montagnards, eux, ils rigolent pas avec la Révolution et vont mettre en place la Terreur en 1793. Les Girondins sont plus modérés. Ils savent ce qu’ils veulent, une République, mais pas en coupant des têtes. Ça va être clairement la guerre entre les deux clans. Jean-Paul Marat est un Montagnard (d’abord Jacobin) et il se félicite de toutes les exécutions sommaires commises dans Paris mais aussi dans toute le France. On peut lire quelques extraits dans le journal L’ami du peuple (gallica, ou en PDF).
Et ça, ça ne plaît vraiment pas à Charlotte Corday.
Charlotte Corday manigance contre Marat
En mai et juin 1793, des Girondins sont arrêtés car ils gueulent au nom de l’exagération révolutionnaire des Montagnards, certains sont exécutés, d’autres sont en fuite. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour Charlotte. Elle va tout faire pour se rapprocher de celui qui, à ses yeux, représente la Terreur : Jean-Paul Marat. Et c’est pas pour lui rouler une pelle.
Le 9 juillet 1793, Charlotte Corday se rend à Paris avec pour simple objectif : assassiner Marat lorsqu’il siège à la Convention.
Bon, le problème, c’est que Marat est malade, et qu’il ne fout plus les pieds à la Convention. Il a une maladie de peau qui l’oblige à prendre des bains au souffre toute la journée. Alors, il faut un autre plan… Et manifestement, il ne lui faut pas trois mois pour se retourner, car le matin du 13 juillet, elle est en route pour la résidence de Marat.
Dans un premier temps, elle lui envoie un courrier, lui demandant de la recevoir :
« Je viens de Caen, votre amour pour la patrie doit vous faire désirer connaître les complots qu’on y médite. J’attends votre réponse. »
Sans réponse. Elle est un peu véner. Alors, en fin de journée, elle écrit un second courrier.
« Je vous ai écrit ce matin, Marat, avez-vous reçu ma lettre ? Je ne puis le croire, puisqu’on m’a refusé votre porte ; j’espère que demain vous m’accorderez une entrevue. Je vous le répète, j’arrive de Caen ; j’ai à vous révéler les secrets les plus importants pour le salut de la République. D’ailleurs je suis persécutée pour la cause de la liberté ; je suis malheureuse, il suffit que je le sois pour avoir droit à votre protection. »
Sans réponse. Charlotte Corday ne se démonte pas. A 19h, la jeune femme se trouve rue des Cordeliers, un couteau de cuisine planqué dans son corset. Et c’est pas pour lui préparer une julienne de légumes.
L’assassinat de Marat par Charlotte Corday
Dans un premier temps, la portière refuse de la laisser approcher, mais finalement, Charlotte peut entrer dans la maison. Première victoire, et pas des moindres. Ensuite, elle rencontre la femme de Marat, Albertine qui gueule qu’elle ne veut pas d’une étrangère dans la maison, que Marat est malade et qu’elle veut être tranquille. Charlotte hurle encore plus fort : elle a envoyé deux courriers, elle se déplace depuis Caen pour voir Marat qu’elle fait passer pour son héros et prétend vouloir lui donner le nom de tous les Girondins qui se cachent à Caen. A ces mots, Marat, peinard dans son bain, demande à son épouse de laisser la jeune fille entrer pour un court entretien. Et effectivement, ce ne sera pas bien long. Lorsque Charlotte Corday commence à énumérer les ennemis de Marat, le mec s’écrit : « C’est bien ! Avant huit jours ils iront tous à la guillotine! ».
Charlotte pète littéralement un plomb à la fin de la phrase, et poignarde Jean-Paul Marat directement dans la poitrine. Bien profond. Fin de l’histoire de Marat. Début du procès de Charlotte.
Le tableau célèbre : celui de David : la mort de Marat.
Le procès de Charlotte Corday
Le procès va être rapide hein. J’veux dire, c’est la Terreur. On ne perd pas de temps avec du blabla. Le 16 juillet, le procès a lieu. Elle est coupable, on le sait, on l’a vue et en plus, elle a écrit une lettre à son père qui l’incrimine totalement. C’est ici. C’est pas long.
Le tribunal accuse Charlotte Corday d’assassinat avec des intentions criminelles et préméditée. La condamnation est simple : la peine de mort. Le tribunal ordonne que la jeune femme porte une chemise rouge, celle des assassins.
Et couic. On lui tranche la tête le 17 juillet 1793.
Son crâne sera récupéré est exhibé pendant plus années, dans des cercles privés.
Vu qu’une femme seule est incapable de réflexion et d’action, on pense qu’elle agit par amour. Et pour des cerveaux si peu réfléchis : qui dit amour dit sexualité. Alors, quelques heures après sa mort, des examens sont faits pour prouver que Charlotte Corday a perdu sa virginité et qu’elle est l’instrument fantoche des contre-révolutionnaires, ou des girondins. Mais que nenni. Elle est vierge, son hymen est intact, et surtout, elle a agit seule selon ses réflexions et pour l’intérêt général, enfin, elle en était convaincue !
La réalité sera toute autre, en supprimant le symbole de la Terreur, Charlotte Corday n’a fait que l’amplifier, désormais les Montagnards veulent tuer tous les Girondins… Pour soutenir Raconte-moi l’Histoire et avoir les articles en avant-première directement dans ta boite mail, c’est ici ! Merci <3
Article illustré par Caroline Drogo : Son site internet, sa page FB (viens aimer) et son instagram !
Autres sources : le crâne de Charlotte Corday sur Gallica – Véritables lettres de Marie-Anne-Charlotte Corday, écrites à son père – Gallica
J’aime beaucoup les dessins de Caroline Drogo, bon article, sinon niveau tableau qui illustre cette scène, j’adore celui de Jean-Joseph Weerts exposé à la piscine de Roubaix !
Merci pour tous vos articles, fan d’histoire j’en apprend tous les jours avec vous !
Bonjour
Je lis vos articles depuis un petit moment déjà et j’attends toujours avec impatience de vous lire.
Je voudrais juste ajouter une ou deux précisions (minimes) pour votre article: la compagne s’appelait Simone. Albertine était la sœur de Marat (bon ça change pas grand chose au fond de l’affaire puisque l’une comme l’autre refusait que Charlotte rencontre Marat, comme quoi elles avaient de bonnes intuitions). Autre détail, Charlotte voulait également profiter d’une fête révolutionnaire pour assassiner le journaliste. Mais elle a du renoncer à son plan puisque comme vous l’écrivez il ne sortait quasiment plus. Les girondins étaient certes contre la Terreur (surtout quand ils ont senti que le vent tournait et que ça commençait à puer pour eux) mais ils sont quand même responsables de la guerre entre la Révolution et les armées de toute l’Europe (juste pour dire qu’ils étaient pas des enfants de chœur non plus). Ils étaient aussi pour le libéralisme économique, la constitution d’une France « fédérale » avec un vrai pouvoir décisionnaire laissé aux régions (quand les montagnards étaient pour un pouvoir concentré à Paris et nul part ailleurs) et pas trop favorable au suffrage universel. Un petit ragot en passant: la légende raconte qu’après avoir guillotiné Charlotte, l’un des assistant du bourreau aurait pris sa tête et l’aurait giflée. La tête aurait alors rougi et exprimé une expression de colère…
J’adoooore ton blog…
Au fait .. tu connais « ‘l’horrible assassinat du citoyen Marat par la perfide Charlotte Corday » ? ce MA-GNI-FI-QUE (n’hésitons pas) morceau d’antologie de la chanson française ?
C’est là : https://www.youtube.com/watch?v=y25u7j8RN90
hahaha, avec le bruit d’eau et tout… Génial ! Merci !
De rien. Ravie d’avoir pu « rendre service » … (et t’apprendre un truc, en prime …)
Pour info, c’est tiré d’une « comédie musicale opéra rock » du début des années 74, sur la révolution française, que notre prof au collège nous avait fait étudier (je connais TOUTES les paroles par coeur, sissssi….et j’avais même acheté le double album …. )
On avait des profs sympas faut reconnaître !! mouhahaha
Maintenant, je ne mettais par un roupie dans cette révolution pourrie .
Il fallait être croyant pour croire que les politicards étaient des gens sincères avec ces notions de révolution, de liberté etc….C’était une sale histoire de fric a une époque ou il en manquait .Aujourd’hui,c’est un peut la même chose .
Chacun pour sa peau car,nous sommes tous des pourris 😉
Je trouve cette femme exceptionnelle, merci pour ce très bon article