Aujourd’hui je vous parle de Jeanne d’Albret. C’est une idée du musée Jeanne d’Albret que je vous conseille de suivre sur Twitter, Facebook, mais vous pouvez aussi directement aller au musée à Orthez (c’est encore mieux). Moi, j’ai hâte de m’y rendre. Voici donc l’histoire de Jeanne d’Albret, reine de Navarre et mère du roi Henri IV !
L’enfance de Jeanne d’Albret
Jeanne voit le jour le 16 novembre 1528, elle est la fille d’Henri II d’Albret et de Marguerite d’Angoulême (la grande sœur de François Ier de France). Son père Henri est roi de Navarre, et à cette époque, ça comprend le Béarn, la Basse-Navarre, mais aussi une grande partie du Sud-Ouest : l’Albret, les comtés de Foix, d’Armagnac et de Bigorre, mais aussi le Périgord, Limoges, le Marsan. Bref, y’a du monde.
Jeanne elle ne va pas vivre dans le Sud-Ouest, non, elle grandit à la cour du roi François Ier. Elle est heureuse, elle mène la grande vie (même si elle est atteinte de jaunisse chronique) et aime particulièrement la politique et les animaux. D’ailleurs, Laurent Frontère,dans son ouvrage nous explique qu’elle possède un perroquet, un écureuil et plusieurs dindes… Mais lorsque le Roi décide de la marier de force, ça va très (très) mal se passer.
Le mariage forcé de Jeanne d’Albret
En 1541, tonton François veut marier Jeanne d’Albret au duc de Clèves, Guillaume. Déjà, il a presque trente ans. Elle en a 12, et elle refuse. À l’oral, à l’écrit, avec ses bras et ses jambes, elle s’oppose au mariage, si bien qu’on est obligé de la porter jusqu’à l’autel. On a retrouvé une de ses lettres où elle écrit (sans doute aidée de ses parents)
« Moi, Jeanne de Navarre, continuant mes protestations auxquelles je persiste encore par cette présente que le mariage que l’on veut faire de moi avec le duc de Clèves est contre ma volonté, que je n’y ai jamais consenti, ni ne consentirai (…) »
Ça a le mérite d’être clair. Mais il en faut plus pour arrêter tonton François, alors Jeanne est mariée à Guillaume, duc de Clèves. Qui n’a absolument rien à faire de cette (trop) jeune personne, il s’en va en mission et meurt rapidement. Le mariage n’a jamais été consommé et il est annulé le 12 octobre 1545 par le pape Paul III Farnèse. Tonton François veut à nouveau marier sa nièce, c’est vrai, on ne marie pas une jeune fille par amour mais bien pour des raisons politiques… François Ier meurt en 1547, mais deux mariages sont susceptibles de se présenter à Jeanne.
Tout d’abord, il y a François d’Aumale (rien à voir avec lui)(enfin…si), il est surnommé le Balafré car il a été blessé au visage par les Anglais. C’est classe. Mais pas suffisamment pour Jeanne qui préfère Antoine de Bourbon. Prince de sang et plutôt beau gosse.
Le remariage de Jeanne d’Albret
Avec Antoine de Bourbon, y’a pas à dire, ils consomment le mariage. Et correctement. D’ailleurs Antoine se vante d’avoir honoré six fois Jeanne d’Albert durant leur nuit de noces. Le couple a cinq enfants, mais il n’y en a que deux qui vont atteindre l’âge adulte.
Les enfants de Jeanne d’Albret
Tout d’abord, il y a Henri, il nait en 1551 et décède en 1553. Il se trouve que la gouvernante, de peur que l’enfant attrape froid, l’a un peu trop couvert. Il est mort. C’est con, mais attendez, c’est pas le pire. Ensuite, il y a un second Henri. Lui il va vivre et devenir roi de France.
En troisième position, on trouve Louis-Charles, et ça c’est une histoire que j’adore. Découverte ici. Le gamin va bien, vraiment, bonne santé, il grandit correctement. Alors qu’il est confié à la gouvernante, celle-ci décide de jouer à un petit jeu avec un gentilhomme. L’un et l’autre se font passer l’enfant, en le jetant. Pas en le jetant n’importe comment, juste pour faire rigoler le gamin et amuser les adultes. Sauf que, la gouvernante se situe sur un balcon et le mec sur un autre, ça me rappelle cette image. Et PAF. L’enfant tombe et il meurt au bout de quelques heures. Ensuite la petite Madeleine décède et il ne reste plus que la dernière, Catherine. C’est quand même con d’avoir deux gamins qui décèdent du fait d’une gouvernante… On pourrait croire à un complot, mais en fait, non.
Le règne de Jeanne d’Albret
Il faut savoir que dans le royaume de Navarre, la loi salique ne s’applique pas et les filles peuvent hériter de la couronne. Ce sera le cas de Jeanne d’Albret. Et elle va régner comme elle l’entend. D’ailleurs, on dit qu’en matière politique :
« Elle n’avait de femme que le sexe, l’âme entière aux choses viriles, l’esprit puissant aux grandes affaires, et le cœur invincible aux grandes adversités »
Il s’agit d’une remarque sexiste qui sous-entend qu’elle n’a pas peur de mettre ses couilles sur la table pour imposer son avis.
Et il se trouve que l’avis de Jeanne d’Albret, il se trouve plutôt du côté des protestants. C’est d’ailleurs en s’inspirant du protestantisme que Jeanne va moderniser le royaume. Paver les rues, mettre en place des lois contre la prostitution, les jeux de hasard, ou encore créer des écoles pour filles avec des enseignements protestants. Au début des années 1560, protestants et catholiques cohabitent. C’est pacifique. Tout va bien. Même si selon Jeanne, le peuple se doit d’avoir le même culte que le souverain… Du coup bin, va quand même falloir que les catholiques se bougent le cul à devenir protestants hein…
En mars 1569, c’est la mort du Prince de Condé qui signe la fin de la cohabitation pacifique, maintenant, c’est plus ou moins le chaos. Ça s’étripe de bon cœur, ça viole, ça tue, ça brûle et ça découpe. De la torture comme on l’aime, et en plus, on prend du territoire. Les huguenots sont à la porte de Paris en août 1570.
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Les deux parties vont malgré tout faire la paix avec le traité de Saint-Germain. Pour calmer tout le monde, Catherine de Médicis propose la main de sa fille, Margot, au fils de Jeanne d’Albret, Henri de Navarre, futur Henri IV de France.
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La mort d’Antoine de Bourbon
En parlant d’Henri de Navarre, figurez-vous qu’il a un père. Oui, le fameux chaud lapin Antoine de Bourbon. Clairement Jeanne d’Albret ne s’entend pas super bien avec son époux et père de ses enfants. Faut dire que c’est un catholique convaincu, enfin non, il retourne sa veste régulièrement, selon comment ça se passe en face… Mais il va se battre du côté de l’ennemi à partir de 1560. Et en 1562, le 3 novembre précisément, Antoine de Bourbon est à Rouen (la ville est assiégée par les protestants) et il fait un tour de garde pour vérifier les remparts quand soudain, une envie de pisser. Oui, même au XVIe siècle l’humain doit faire ses besoins. Il se retourne, enlève ses fringues et PAF il prend un coup d’arquebuse. Il ne meurt pas direct, il agonise d’abord plus de 10 jours. Voltaire écrit un épitaphe à son propos :
« Ami François, le prince ici gissant vécut sans gloire, et mourut en pissant »
La mort de Jeanne d’Albret
Alors que le mariage entre son fils chéri et Marguerite de France est prévu pour le mois d’août 1572, Jeanne d’Albret décède le 9 juin de la tuberculose. Pendant un moment on pense qu’elle a été empoisonnée, mais en fait non, elle a juste la tuberculose. Le truc qui fait cracher et mourir.
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Le jeux du lancé de bébé par le balcon…!
Juste une chose, Limoges (ma ville natale) prend un « s » à la fin 😉
Merci encore pour cet bel article
l’épitaphe de Voltaire xD je meurs.
Excellent article! 😀
Suis en train de lire son histoire « les amants de la Folie-Dieu » de René Bruneau.
Super