Vénus Hottentote, bête de foire et prostituée (pour son cul)

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Dans ce nouvel article, je vous parle de Saartjie Baartman, surnommée la Vénus Hottentote, une jeune femme née sur le territoire de l’actuelle Afrique du Sud, et dont le destin est pour le moins pourrave. Non, mais c’est vrai, elle va être exploitée et exhibée pour la taille de ses fesses mais aussi de ses lèvres intimes. Eh oui, le célèbre tablier Hottentot.

Une enfance difficile en Afrique du Sud 

Il n’est pas difficile d’affirmer que Sawtche (la future Vénus Hottentote) a eu une vie bien difficile, du début jusqu’à la toute fin. Oh bin oui, à y être… Dans son enfance, sa mère décède. Quelque temps plus tard, c’est son père. Du coup, elle et ses deux sœurs sont vendues. Ce sont des esclaves. Et rien que ça, c’est super moche. Sawtche doit changer de nom, c’est la politique coloniale et chrétienne qui veut ça. Elle devient alors Saartjie Baartman. Qui signifie Sarah en Néerlandais. Les trois sœurs travaillent dans la ferme des Hendrick Caesar, une famille « de blancs », des Afrikaaners. Lorsque madame est malade c’est Saartjie qui s’occupe des enfants. D’ailleurs, alors que la Vénus Hottentote rencontre un homme, se marie et tombe enceinte, la grossesse coïncide avec celle de sa maîtresse, alors elle va allaiter son fils, ainsi que celui de sa patronne. Enfin patronne… Sa propriétaire quoi. C’est un véritable acte de confiance et les sœurs sont toutes bien intégrées, même si bon, ce sont des êtres humains qu’on exploite, ne l’oublions pas.

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Malheureusement pour Saartjie Baartman, ses fils décèdent et son mec se barre. Un malheur n’arrive jamais seul. C’est un peu la galère. Mais un ami de Hendrick Caesar la repère et lui propose un job différent et surtout l’espoir d’un avenir meilleur. Il l’invite à partir en Europe afin de monter un spectacle. Ou elle devra monter son cul. Enfin, ça, il ne le lui dit pas tout de suite. Parce que c’est un fils de plâtre quand même. Hendrick Caesar est de la partie.

Départ vers l’Angleterre pour la Vénus Hottentote

Le trajet Afrique du Sud – Angleterre, ça se fait pas en 8h avec une escale à Marseille. Non, le trio s’en va en avril 1810 et arrive seulement en octobre de la même année. Pendant ce temps, ils peuvent peaufiner un peu le spectacle. L’idée est simple : Saartjie Baartman doit passer pour une sauvage et ne doit pas prononcer un mot. Alors qu’elle parle couramment le néerlandais. Elle doit pousser des cris, paraître violente, et Hendrick Caesar, lui, il doit la dompter sous les yeux de tous. La dresser et l’exhiber.

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Saartjie est simplement vêtue d’une combinaison très collante. Le genre qui laisse apparaître la peau d’orange sur les cuisses mais aussi les tétons. La Vénus Hottentote porte également de gros colliers traditionnels et un pagne qui cache son sexe mais qui laisse percevoir ses fesses sous les collants. A la fin du show, les spectateurs sont invités à toucher les fesses de la Vénus Hottentote. C’est un véritable succès. Les Anglais aiment se moquer de celle qu’ils appellent « fat bum». Gros cul.

Le procès de Caesar

Certaines personnes sont aussi outrées par le spectacle et le sort réservé à Saartjie Baartman par ses deux « associés ». Hendrick Caesar va être envoyé devant la justice par l’association African Association en novembre 1810, pour indécence et exploitation (l’esclavagisme est interdit depuis 1807 en Angleterre). Or, la Vénus Hottentote, malgré son malheur, sa tristesse et son humiliation quotidienne, a toujours espoir de gagner de l’argent et de pouvoir rentrer rapidement chez elle, Son rêve est d’acheter une ferme et d’être libre. Alors, lors du procès, elle prétend ne pas être contrainte et affirme toucher une partie des bénéfices comme le stipule son contrat. Contrat qui n’existe pas… Le spectacle peine à retrouver des spectateurs alors le trio décide de partir en Hollande. Ils vont y rencontrer un célèbre montreur d’ours, Réaux. Ils vont devenir associés et continuer leur route ensemble.

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La Vénus Hottentote et la vie parisienne

Après près de deux ans au Pays-Bas, toute la troupe arrive à Paris en septembre 1814 pour monter le spectacle. Dès la première représentation, c’est un succès. D’ailleurs, rapidement, c’est la haute société qui va payer pour organiser des shows privés. Le spectacle reste inchangé quelques temps, la Vénus Hottentote doit toujours danser (twerker en fait), jouer la sauvage et se laisser peloter les fesses, ce qu’elle regrette fortement. Mais au bout de quelques temps, les soirées libertines proposent de faire évoluer le show. C’est plus sensuel, plus érotique, plus humiliant pour Saartjie Baartman qui doit maintenant exposer son tablier hottentot, à savoir ses lèvres ainsi que son clitoris à la dimension incroyable. Ça plaît. La différence est si excitante que certaines personnes vont payer cher pour pouvoir coucher avec la Vénus. Tout le monde se frotte les mains, ça paie bien. Mais Saartjie, elle, elle ne rigole pas. Elle est exploitée, elle est humiliée, elle est prostituée. Alors elle picole. Beaucoup. Elle se rebelle, mais juste un peu, parce qu’elle prend de sacrées raclées lorsqu’elle ose désobéir.

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Au début de l’année 1815, le spectacle disparaît et la Vénus Hottentote se voit enfermée dans un bordel. C’est désormais une pute. Une pute au gros cul. Elle picole d’autant plus… Lors d’un examen médical obligatoire, on lui découvre une inflammation, sans doute la syphilis, peut être la variole. Elle doit cesser de travailler. Abandonner de tous, elle sombre complètement dans l’alcoolisme et décède le 29 décembre 1815. Elle n’a que 26 ans.

Le muséum national d’histoire naturelle

En 1815, alors que la Vénus Hottentote est à Paris depuis quelques mois, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, professeur et zoologue au muséum national d’histoire naturelle de France est très curieux de cette présence à Paris. Il veut la rencontrer l’étudier, la mesurer, l’observer, la comparer. Évidemment, Caesar accepte moyennant une somme d’argent. Saartjie se retrouve sous les yeux ahuris de plusieurs médecins, chercheurs et zoologues. Cette chose n’est pas un animal, c’est pas tellement une humaine normale non plus. Ils sont perplexes. Et aussi ils sont véners parce que la Vénus Hottentote refuse de quitter son pagne et de montrer son tablier hottentot.

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Les études post-mortem

En revanche, une fois que Saartjie est décédée, ils peuvent faire ce qu’ils veulent du corps. Et concrètement, c’est pas joli joli. D’abord, ils mesurent tout. Vraiment tout. Les lèvres, le clitoris, le vagin, la raie des fesses, le rebondi des fesses. Tout. Ensuite, ils font un moulage complet, de la tête aux pieds. Et puis, ils découpent les parties qui les intéressent pour les foutre dans du formol, à savoir, le cerveau, l’anus et l’appareil génital. Et finalement, ils enlèvent les os un par un afin de reconstruire le squelette. Le tout est exposé à coté du moulage au muséum d’histoire naturelle de Paris jusqu’en 1974. Soit une exposition de plus de 100 ans. Après quelques décennies dans les réserves du musée, l’Afrique du Sud ainsi que Nelson Mandela demandent à la France la restitution de la dépouille, les restes dans le formol et le moulage, et il faut attendre le 02 mai 2002 pour que la Vénus Hottentote soit rendue à sa terre natale, où elle va connaître un vrai rite funéraire.

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7 thoughts on “Vénus Hottentote, bête de foire et prostituée (pour son cul)

  1. L’esclavage n’est pas aboli en 1807 (seulement la traite). Il faut attendre 1838; et encore, sans prendre en compte la période « d’apprentissage », assez honteuse…

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  3. Les français qui se prennent pour des gens distinguer , laissez moi rire….
    A la place de ces gens j’aurai honte…. c’ est honteux elle finit en plus de ca empaillee.

  4. Il ne sert pas à grand chose de juger nos ancêtres où bien de juger des Français du 19éme siècle… Nous pouvons juste constater et ne pas commettre les mêmes erreurs… comme juger quelqu’un à la taille de ses fesses…

  5. L’histoire de cette femme est tellement triste, c’est écoeurant, cruel, ce que l’être humain peut faire.Qu’elle repose en paix, dans sa terre natale.

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