C’est rigolo parce que Eng, ça veut dire droite et Chang, gauche. Et on les appelle les frères siamois en raison de leur origine. Ils sont du Siam. De Thaïlande quoi. Du coup, les mecs non seulement ils s’appellent gauche et droite, mais en plus, leur nationalité va donner le nom de leur caractéristique physique. C’est drôle non ?
Bref, voici leur histoire.
L’enfance des deux garçons siamois
Le 11 mai 1814, un femme de 35 ans accouche d’un enfant. Enfin, de deux enfants. Mais ils sont collés, donc on ne sait pas trop comment les appeler. L’accouchement s’est bien passé, faut dire que les garçons sont très petits et qu’ils se sont positionnés de manière à pas être trop relous dès la sortie. L’un des garçons a la tête au niveau des pieds de l’autre, du coup ça fait un long truc à sortir et pas un petit truc large. Pour la dilatation, c’est mieux. Bref. Ne sachant comment appeler ces deux enfants collés par le torse, les parents décident de les appeler Droite et Gauche, à savoir Eng et Chang.
Les parents ne font pas tellement les malins, du fait de la superstition très présente au Siam. On pense direct à la fin du monde, la famine, ou encore une catastrophe naturelle ou des morts inexpliquées. Bref, on ne parle de rien, on se fait discret. Mais dans le village tout le monde le sait, alors les copains des copains et leurs autres copains accourent pour voir les jumeaux collés. Malgré tout, les enfants grandissent normalement, ils doivent juste apprendre à coordonner leurs mouvements. Bin ouais. Ils apprennent à nager mais aussi à pécher. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme disait l’autre. Et puis, le père de famille décède en 1822. Alors la mère et ses 10 enfants sont un peu en galère de fric, c’est pourquoi les siamois décident de se mettre au travail. Ils ont 8 ans et deviennent colporteurs sur les bords de la rivière.
Les frères siamois, fierté du roi du Siam
En 1824, tout le monde se presse pour voir les deux travailleurs et le roi, Rama, veut les faire venir au palais. Il va obtenir leurs accords et les garçons mènent la grande vie, ils gagnent de l’argent, ils mangent à leur faim, sont habillés proprement et on les envoie dans toutes les ambassades pour les… montrer. Bin oui. C’est classe. La fierté nationale !
Et puis doucement, la reconnaissance et l’engouement s’estompent… On renvoie les frères siamois dans leur campagne, mais il y a un homme qui les suit de près. Robert Hunter se doute qu’il y a moyen de se faire un paquet de pognon avec les jumeaux collés… Il va leur demander de les suivre. La mère refuse. Les garçons retournent au travail.
Robert Hunter et le tour du monde
Robert Hunter est un négociant anglais. Malgré le refus de la mère de Eng et Chang, il ne lâche pas l’affaire et cinq ans plus tard, il arrive à négocier les frères siamois avec une importante somme d’argent. Il a de grands projets pour Eng et Chang, oui, il va les exhiber dans un spectacle ambulant qui fera le tour du monde. Enfin, c’est ce qu’il espère. Tout d’abord, en route pour les Etats-Unis !
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USA
Les trois garçons arrivent à Boston en septembre 1829. Robert Hunter loue un chapiteau et les shows commencent tranquillement. L’affluence est plus importante lorsque Robert décide d’interpeller le monde de la médecine et des sciences pour tenter de comprendre. C’est un franc succès et en quelques mois Robert Hunter a suffisamment d’argent pour partir en Europe avec les frères siamois.
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Europe
Dans un premier temps, ils arrivent à Londres. Le succès est incroyable et un collège de 30 chirurgiens de Londres signe un certificat pour attester que « que les frères siamois Chang et Eng constituent l’un des plus extraordinaires phénomènes de la nature et qu’il est souhaitable que public puisse les connaître et les honorer ». Vous imaginez bien que tous les Anglais (et même la famille royale) se ruent dans les salles de spectacle et autres chapiteaux pour admirer Eng et Chang. Lorsque le trio veut se rendre à Paris, en revanche, c’est plus compliqué. Les mecs de l’administration refusent. Pourquoi ? Il se crée une tendance qui pense que si une femme enceinte voit des horreurs ou autres monstres humains, cela peut avoir des conséquences sur son enfant à naître. Alors on ferme un peu les portes. Et puis Robert Hunter fait appel à la curiosité de la science. Il explique vouloir montrer les jumeaux non pas au public, mais aux savants pour une éventuelle opération. Et paf, ça marche, en 1835, tous les Parisiens rencontrent Eng et Chang mais on ne discute pas d’opération. Après quelques années à se faire du fric, les trois hommes décident de se séparer… Enfin… Robert d’un coté, les siamois de l’autre.
Le passage au cirque Barnum
Comme toutes les bêtes de foire de l’époque, les frères En et Chang vont faire un passage par le cirque Barnum. Puis ils vont faire une petite carrière en solo en Europe et vont finalement retourner aux Etats-Unis. A l’âge de 24 ans, les garçons décident de s’acheter une ferme en Caroline du Sud et demandent la naturalisation américaine. Désormais, ils s’appellent Eng et Chang Bunker.
La vie tranquille des siamois
A presque 30 ans, les garçons veulent se marier. Oui, mais c’est pas facile.
Les conquêtes
D’abord, ils sont obligés de refuser les avance de Miss Gloria, une meuf riche à souhait qui écrit des poèmes sur la double virilité des garçons. Elle aimerait pouvoir épouser les deux afin de profiter pleinement de leur caractéristique physique au pieu. Bin pourquoi pas… Mais les jumeaux siamois refusent. Ils aspirent à autre chose. Plutôt deux filles, discrètes, qui ne vont pas éditer la taille de leurs bites par exemple. C’est ainsi qu’ils rencontrent deux sœurs : Adélaïde et Sarah Liets, elles ont 19 et 20 ans et elles aiment bien les jumeaux…
Le mariage
Tout le monde n’est pas tellement d’accord avec ces mariages avec les sœurs Liets, du coup, les frères sont victimes de délinquances, menaces de mort et incendies des récoltes. Pas cool. Mais ils n’en ont que faire, ils vont se marier en 1843.
Au début, c’est cool, comme dans toutes les histoires d’amour. Ca rigole, ça coïte, ça se chamaille, ça re coïte… A eux quatre, ils vont avoir 22 gamins tout de même… Puis ça foire. Chang commence à picoler, les deux sœurs ne peuvent plus se saquer. Il faut vivre dans deux maisons différentes. Les garçons passent donc 3 jours avec l’une, 3 jours avec l’autre.
La maladie et la mort des siamois
En janvier 1874, Chang chope une grave bronchite, et même si Eng a la patate, il doit rester au lit. C’est relou quand même. Deux jours plus tard, les médecins diagnostiquent une fluxion de poitrine. Et c’est moche. Même Eng commence à fatiguer. Le 19 janvier, Eng se réveille en pleine nuit, son frère est mort. Il sait qu’il n’en a plus que pour quelques heures. Il appelle toute sa famille et puis, quelques heures plus tard, c’est à son tour…
Évidemment, si les frères avaient été séparés Eng aurait pu vivre de nombreuses années supplémentaires. Or, l’autopsie a prouvé que la séparation était bien plus compliquée que ce que les médecins avaient imaginé et sans doute les deux frères en seraient mort… Les deux frères siamois avaient le foie en commun.
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Super cette histoire, une chance que la médecine ait évolué à ce jour. J’adore ton écriture et ton humour, merci pour ce partage !
super, je ne dirais pas la même chose … pour moi c’est pas cool … mais c’est très intéressant de pouvoir lire des histoires comme celles-ci … c’est pas un conte de fées, mais … c’est fascinant.
Merci pour vos articles
Oh oh !
Chouette article!
Sacré destin… Même si la fin est tristoune…
Super article tres interessant!
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