Louise Weber, dite La Goulue, est une figure emblématique de Paris, du Moulin-Rouge et du French Cancan. Elle a su s’imposer dans le milieu mondain et côtoyer les plus grandes personnalités de son temps avant de tomber en disgrâce. Découvrez l’histoire de cette danseuse, de cette muse, de cette icône du Paris de la Belle Epoque.
L’enfance de Louise Weber
Louise Weber est née le 13 juillet 1866 à Clichy d’un père charpentier, Dagobert Weber, et d’une mère absente. Oui, Louise Weber ne va vivre avec sa mère que trois petites années, ensuite
, celle-ci fuit le domicile familial et fonde une nouvelle famille. Louise Weber, dite la Goulue, ne verra plus jamais sa mère, Madeleine Courtade. Louise, son frère, sa sœur et leur père vivent à Clichy mais lorsque la guerre éclate en 1870, Dagobert part sur le front et lorsqu’il revient, mutilé des deux jambes, il est contraint d’abandonner ses enfants dans des communautés religieuses. Il décède quelques mois après. Rapidement, un oncle décide de recueillir Louise Weber chez lui, elle part alors vivre à Saint-Ouen en avril 1874, elle est bien élevée, mange à sa faim et elle est heureuse. A l’âge de 16 ans, Louise rencontre Edmond, c’est le grand amour, ils décident de vivre ensemble à Montreuil. Celui-ci lui fait découvrir le Moulin de la Galette à Montmartre et c’est une révélation pour elle. Des bals à n’en plus finir, tout le monde danse, tout le monde s’amuse, il ne lui en faut pas plus pour quitter Edmond et s’installer avec son nouveau compagnon, Charlot. Au même moment, elle devient blanchisseuse pour être indépendante.
La fête bat son plein au Moulin de la Galette, les meilleurs orchestres y trouvent leur place, mais aussi les danseurs et danseuses les plus performants. Louise Weber aime ce milieu, cette ambiance, et elle va tout faire pour pouvoir l’intégrer.
La courte vie de cocotte, ou demi-mondaine
La vie de blanchisseuse paie les frasques de Louise Weber et sa vie nocturne, elle parcourt les bals pour danser et un jour, elle est remarquée par Charles Desteuque. C’est un journaliste pour la revue Gil Blas, il n’hésite pas à répertorier les demi-mondaines pour les présenter à ses riches amis. Ce sera le cas pour notre danseuse. Louise Weber devient une cocotte. Une cocotte ce n’est pas une prostituée. Pas officiellement. Il n’y a pas toujours d’échanges sexuels, mais quand même ça arrive très très souvent. Mais grosso-modo c’est lorsqu’un homme décide d’entretenir une femme, il l’accueille chez lui (alors qu’il est marié et respectable), en général dans son hôtel particulier, il lui permet de mener la grande vie. D’ailleurs, les cocottes ont de nombreux amants qui sont régulièrement entretenus par leur bienfaiteur, certaines d’entre elles dépensent des sommes colossales en restaurants, garde-robe, bijoux, chevaux, spectacles…
On raconte que Louise Weber couche avec le prince de Galles, celui qui deviendra Edouard VII. Le Doudou c’est un collectionneur, il a pécho la moitié des cocottes de Paris à cette époque. Louise Weber rencontre également les peintres et photographes en vogue, comme Victor Noir et Auguste Renoir. Elle pose pour eux très régulièrement, mais Louise Weber n’a qu’un seul objectif, devenir danseuse.
– autre document qui regroupe les mondaines et demi-mondaines pour en faire la promotion, le Paris-noceur –
Louise Weber devient la Goulue
La carrière de Louise Weber en tant que danseuse, commence auprès du cirque Fernando où elle est repérée par des danseuses et chorégraphes célèbres telles que Grille d’Egout (qui doit son surnom à ses dents du bonheur) et Celeste Mogador. Les deux femmes, déjà réputées à Paris, lui donnent de nombreux conseils qui lui permettent d’intégrer l’Elysée-Montmartre et le Moulin de la Galette. Enfin ! La Goulue est ravie, c’est un rêve qui se réalise. Ensuite, les scènes sont nombreuses, le bal Bullier, la closerie des Lilas…
Rapidement Louise Weber apprend le cancan et elle obtient le surnom de Vide-Bouteille car elle a pris l’habitude de faire lever sa jupe, montrer sa culotte, faire voler le chapeau des clients et surtout boire dans leurs verres. C’est sa petite touche personnelle. Et ça plait ! Ensuite, elle pique aussi dans les assiettes et elle est assez ronde, c’est pourquoi on la surnomme La Goulue. A 27 ans, elle est à l’apogée de sa carrière, le Moulin-Rouge qui ouvre ses portes va en faire son icône.
La Goulue au Moulin-Rouge
En 1889, Charles Zidler et Joseph Oller ouvrent le bal du Moulin Rouge et La Goulue est invitée à venir s’y produire avec Jules Etienne Edme Renaudin qu’on appelle Valentin le Désossé. Leur spectacle est un franc succès. Ils dansent le chahut et régalent les spectateurs. Le public est cosmopolite, on vient de l’Europe entière pour assister aux danses endiablées de La Goulue. Et elle en profite bien, elle est correctement payée et elle couche avec quelques bienfaiteurs. Ben quoi ? Elle est bien libre de faire ce qu’elle veut et elle n’a de compte à rendre à personne. La Goulue se fait toujours remarquer pour ses frasques, en 1890, on la voit se promener dans Montmartre, son quartier, avec une chèvre qu’elle ne quitte jamais. Elle la prend même aux répétions au Moulin Rouge. En 1893, c’est l’ouverture de l’Olympia et le 2 avril 1893, elle inaugure la scène, elle est la première danseuse célèbre à s’y produire.
En 1895, la Goulue décide de quitter le Moulin Rouge et de faire carrière seule, à son compte. Malheureusement, le public ne la suit pas dans ses fêtes foraines. Le parisien du Moulin-Rouge n’est pas le même que celui des fêtes foraines et rapidement la Goulue perd de l’argent alors elle tente de se reconvertir selon les modes et elle devient alors dompteuse de félins. Après une attaque des bêtes qui aurait pu lui couter la vie, Louise Weber lâche le fouet et tente une carrière d’actrice. En vain. A l’aube de la première Guerre Mondiale, la Goulue disparaît et laisse place à Madame Louise, une femme vieillissant, sombrant dans l’alcool. Elle est parfois employée au Moulin-Rouge pour vendre des cacahuètes, cigarettes et des allumettes. Le rideau est tombé.
Les amours de la Goulue
On lui connaît une relation ambiguë avec son collègue de travail Valentin le Désossé. Ils travaillent ensemble, vivent ensemble et couchent probablement ensemble. On ne va quand même pas le leur reprocher. Les deux sont physiquement complètement différents, elle est grasse, épaisse et de taille moyenne, lui est très grand, osseux et avec le temps, il ne quitte que rarement son haut-de-forme. Peut-être cache-t-il une calvitie, un crâne déformé, des cheveux blancs ?! On n’en sait rien.
Il est difficile pour Louise Weber de l’admettre mais elle a également eu des relations homosexuelles, notamment avec la petite danseuse surnommée La Môme Fromage. Une petite femme qu’on dit « courte de jambe et longue de buste », il arrive un moment où elles sont inséparables, on ne voit pas l’une sans que l’autre soit à proximité. Mais lorsqu’un curieux demande le statut de leur relation à la Goulue, celle-ci s’empourpre et clame haut et fort qu’elle n’est pas lesbienne. Vexée la Môme Fromage lui aurait répondu : « Comment, Louise, tu nies que tu m’aimes ? tu t’em… bêtes pourtant pas quand tu m’friandes ! » En 1895, la Goulue accouche d’un petit garçon Simon-Victor, le père est inconnu mais la danseuse se plait à dire que c’est un Grand prince.
Le 10 mai 1900, Louise Weber, dite la Goulue alors dompteuse de fauves épouse Joseph-Nicolas Droxler, un prestidigitateur. En 1914, dès le début de la guerre, Simon-victor et Joseph-Nicolas (alors même qu’ils étaient séparés) décèdent et la Goulue sombre dans l’alcoolisme. Elle décède en 1929 d’une crise d’apoplexie.
La Goulue a également été la maîtresse de nombreux artistes et elle a posé pour différents peintres, célèbres ou non.
La Goulue, muse de peintres célèbres
La première représentation de la Goulue date du 11 avril 1885, par le dessinateur Auguste Roedel. Mais c’est Toulouse-Lautrec qui va faire le plus de tableau représentant la Goulue dont de nombreux qui l’illustre au Moulin-Rouge et avec Valentin le Désossé. Dans le milieu montmartrois, elle rencontre Auguste Renoir, le peintre et Achille Delmaet, le photographe qui tire plusieurs clichés de « nus-photos » de Louise Weber, mais aussi Bacard (perso j’ai cette reproduction dans ma cuisine) (c’est pas du tout un post sponsorisé).
Si tu as aimé cet article et que tu veux en savoir plus, je te conseille vivement cet ouvrage, écrit par Michel Souvais, si tu aimes les belles affiches et Toulouse-Lautrec, c’est ce livre qu’il te faut consulter ! Enfin, si ce que tu aimes par dessus tout c’est lire des articles de Raconte-moi l’Histoire, je te conseille de t’abonner sur Tipeee, pour avoir les articles en avant-première !
Merci pour ce rappel sur ce personnage (et cette époque) mythique… Pour l’anecdote, elle apparaît, un an avant sa mort, dans un état bien avancé, dans l’impressionnant documentaire consacré aux zonards et réalisé en 1928 par Georges Lacombe, La Zone, et qui donne lieu à cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=PESZCALVA64
Hâte de lire ce livre.
Merci