Aujourd’hui, premier jour de l’an, il est l’heure de se remettre de la veille, évidemment, mais aussi de sortir un petit billet pour la concierge, le calendrier des pompiers ou encore le facteur. Alors c’est sur que 10 balles, c’est pas la ruine si on compare aux cadeaux que faisait Louis XVI à sa sœur (plus de 150 000 livres de bijoux sur trois ans)… Mais alors ? D’où vient cette tradition ?
Tout commence durant l’antiquité romaine.
Les origines des étrennes
Pour fêter le début de la nouvelle année et célébrer les espoirs et vœux nouveaux de bonheur et de richesse, les Romains offrent des figues, des dattes et du miel à leurs amis et leur famille. Mais au fil du temps c’est surtout la verveine qui se démocratise. IL s’agit d’une plante précieuse qui symbolise un heureux avenir. Seules les familles les plus aisées offrent des cadeaux plus importants, des objets de valeurs et même de l’argent, des pièces de monnaie. Sous l’Empire, pour célébrer l’empereur, la population lui offre de l’argent le premier de l’an mais aussi des rameaux de verveine consacrés à la reine Strenia ou Strena qui aurait donné son noms aux fameuses étrennes.
Et chez les Gaulois, on se fait des cadeaux ?
Eh bien oui ! Le dernier jour de l’année, les Gaulois ont pour coutume de ramasser des touffes de gui, un arbre qu’ils pensent sacré avec des vertus extraordinaires. Le lendemain, les enfants frappent aux portes des maisons des villages pour donner des rameaux de gui en souhaitant « Au gui l’an neuf » et on leur donne quelques pièces pour les remercier. C’est un peu comme Halloween finalement cette histoire gauloise.
Les étrennes au Moyen-Age
Lorsque la religion s’installe, les Pères de l’Église veulent faire disparaître cette tradition païenne. Faut dire que dans certaines régions, pour fêter la nouvelle année, on sacrifie une génisse ou une biche et c’est clairement vu comme une action diabolique par l’Église alors les étrennes qui suivent font partie de l’action du diable.
Les étrennes sont donc interdites, mais rien n’y fait. Si on cesse de tuer une biche à la vue de tous, on file toujours plus ou moins discrètement un rameau ou une petite pièce aux gens qu’on aime ou qui nous protègent. Et quelque soit le calendrier, car on n’a pas toujours commencé l’année le premier janvier. La date a évolué au fil des ans. Sous les Mérovingiens, l’année commence le premier mars, puis le jour de Noël sous Charlemagne, enfin à Pâques quelques décennies plus tard et pour plusieurs siècles. Lorsque le début de l’année se déroule à Pâques, il y av toujours les étrennes du premier janvier. En 1235, on retient la date du 25 mars, fête de l’Annonciation pour débuter l’an. Et c’est finalement en 1564, sous le règne de Charles IX que l’on fixe le premier jour de l’année au 1er janvier 1564.
Sous l’Ancien Régime, les étrennes perdurent et s’intensifie dans les couches supérieures de la société.
La folie des étrennes à Versailles ?
Le début de l’année est l’occasion de souhaiter le meilleur à notre entourage mais aussi de témoigner de la reconnaissance ou de l’amour et quoi de mieux qu’offrir un petit cadeau personnalisé ?
Louis XV adore les étrennes et il distribue très généreusement des cadeaux confectionnés par ses orfèvres préférés. Elle est loin la couronne de gui. L’or et les pierres précieuses sont à l’honneur chez les puissants. En 1740, Louis XV offre une boite d’or incrustée à Madame de Vintimille, ainsi qu’une tabatière en or au duc de Villeroy. Même chose pour Louis XVI, le roi qui notant chacune de ses dépenses nous donne de nombreuses réponses sur la place des étrennes à Versailles. Sa jeune sœur Élisabeth et Marie-Antoinette reçoivent chaque année les plus beaux cadeaux et le roi dépense sans compter, surtout en bijoux. Avec la Révolution, les choses vont changer. Ras le bol que les hommes politiques dilapident l’argent du peuple en cadeaux pour leurs bons amis. Lol.
En réalité, rien ne change et le décret du 29 novembre 1789 ne parvient pas à supprimer les étrennes reçues par le personnel administratif et politique.
Pendant ce temps, le peuple continue de se donner quelques biscuits, des cartes ou encore quelques pièces jusqu’au XIXème siècle puis la fin d’année va prendre une autre tournure. On offre des cadeaux plus importants pour les étrennes. Les grands magasins font leur apparition, la publicité se développe dans les revues et on offre des jouets aux enfants, des bijoux, du tissus et des vêtements ou encore chocolats aux adultes pour leur souhaiter une bonne année.
Le Père Noël chasse les étrennes
Avec l’apparition du Père Noël, on concentre les cadeaux pour les proches le 25 décembre et on continue de donner quelques pièces à certaines corporations comme les facteurs, les pompiers (en échange de calendrier) ou encore les concierges et les éboueurs mais la tradition tend à disparaître. Si vous voulez la faire perdurer, n’hésitez pas à laisser un petit quelque chose pour le blog. Vous lui assurerez une pérennité certaine et vous aurez de nombreux articles en retour, c’est sur Tipeee que ça se passe.