Aujourd’hui, même si je ne suis pas Crésus, on va parler pognon…. Je vous raconte l’origine de l’expression « Riche comme Crésus ». Ce roi Lydien qui a régné près de 15 ans au milieu du VIème siècle avant notre ère. Et puisqu’il ne faut pas être avare, je vous explique également d’où vient le mot « toucher le pactole ». Mais attention car l’argent ne fait pas toujours le bonheur !
Crésus, le dieu semi-légendaire
Crésus est le fils d’Alyatte II, roi de Lydie. Et le demi-frère de Pantaléon… Aussi, dès le début de leur vie, c’est la guerre entre les deux fils concurrents au trône. Mais c’est Crésus qui va hériter du pouvoir à la mort de son père, alors qu’il avait déjà été nommé vice-roi et chef des armées. Crésus bosse bien, comme son père il souhaite l’expansion du royaume et il y met tout son cœur. Mais aussi une grande partie de son pognon. Peu importe, il en a plein.
Les conflits, passe-temps majeur du roi Lydien
Une fois roi, Crésus décide d’achever la conquête du littoral de l’Ionie et il parvient à prendre Ephèse et plusieurs villes d’Asie Mineure. Mais pour ce qui est des îles ioniennes, c’est plus compliqué. Crésus n’a pas de bateau suffisamment important pour affirmer sa puissance maritime alors il décide de signer des alliances avec les différents pouvoirs. Il a eu le nez fin car Cyrus Le Grand a le même désir d’expansion que Crésus… Une légende raconte qu’avant chaque conflit, Crésus a pris l’habitude de consulter l’oracle de Delphes (lien) pour s’assurer de prendre les bonnes décisions. Et à cette occasion, la Pythie a été bien claire « En entrant en guerre contre la Perse, Crésus détruira un vaste empire ». Aussi, en 547 avant notre ère, Crésus attaque l’empire Perse de Cyrus le Grand.
L’orgueilleux Crésus rencontre Solon
La plupart des faits relatifs à Crésus nous sont relatés par Hérodote, et on connait son amour pour la fiction, alors il ne faut pas prendre au pied de la lettre tout ce qu’il a écrit. Or, avec le temps, on a fait de ses textes des légendes, qu’on se raconte de génération en génération.
Selon Hérodote, Solon, un législateur athénien, avait pour mission de répertorier les personnes les plus heureuses du royaume et il a reçu la candidature de Crésus vivant dans le luxe. Lorsque Solon lui rend visite, Crésus expose tout son argent, ou plutôt son or, et ses biens. A l’annonce du classement, Crésus a la surprise de ne pas se voir dans le top 3. Solon a alors inventé la devise « L’argent ne fait pas le bonheur » d’autant que quelques jours après, Crésus a été terriblement attristé par la mort de son fils, Ardys, lors d’un accident de chasse…
Solon aurait ajouté « Ne dis personne heureux avant sa fin… »
L’affrontement entre Crésus et Cyrus
Hérodote raconte que la guerre menée à Cyrus fait oublier la tristesse d’avoir perdu son fils à Crésus tant il souhaite réduire à néant la puissance de l’Empire Perse qui gagne de nombreux territoire et s’approche dangereusement des frontières lydiennes. Et il va mettre les moyens humains, diplomatiques et financiers. Aussi, Crésus va nouer une alliance avec Sparte, Babylone et l’Egypte. Lorsque le Perse décide de prendre la Lydie, il propose à Crésus d’accepter devenir satrape de Lydie, soit gouverneur, laissant ainsi le pouvoir à Cyrus. Crésus refuse. Il est confiant, l’oracle lui a dit qu’il allait détruire un vaste empire et il est allié à de grandes puissances. Or… Sparte, l’Egypte et Babylone refusent d’intervenir dans le conflit. Lorsque Cyrus rentre dans la capitale lydienne, Sardes, il ravage la ville et Crésus est fait prisonnier. Cyrus le Grand décide de cramer son ennemi. Au sens littéral. Il allume un bûcher et l’y fout dessus illico presto. Ça sent le roussi pour notre héro !
Crésus, pieds et mains liés sur le bûcher prie Apollon de bien vouloir lui laisser la vie sauve. Il s’excuse de sa carrière belliqueuse et vante tous les mérites de la paix et du bien vivre ensemble sur cette terre… C’est alors qu’un nuage recouvre le ciel et il se met à pleuvoir suffisamment fort pour éteindre le bûcher. Cyrus comprend le message divin et libère son ennemi. Il lui pique quand même le territoire et le pouvoir hein, mais il le nomme gouverneur de Barène.
L’origine de la richesse de Crésus
Le royaume de Crésus se situe dans l’actuelle Turquie, là où coule une rivière remplie d’or : le Pactole. En effet, durant l’Antiquité, les sables aurifères du Pactole ont permis à Crésus le travail et commerce de l’or en grande quantité. C’est dans la mythologie qu’on retrouve l’origine aurifère de la rivière. Midas, le roi mythologique, offre l’hospitalité à Silène, désorienté par l’ivresse, alors que Dionysos cherche à le retrouver. Pour remercier le roi d’avoir porté de l’aide à Silène, Dionysos lui accorde un seul et unique vœu. Midas demande alors d’avoir la capacité de changer tout ce qu’il trouve en or.
Le truc con, c’est que lorsqu’il tient sa nourriture, elle se transforme en or, lorsqu’il étreint sa fille, c’est la même chose. Midas ne peut plus rien faire et il supplie Dionysos de retirer son souhait. Le dieu lui conseille alors d’aller se laver les mains dans la rivière la plus proche, le Pactole, et le sable s’est alors changé en or. C’est alors que la rivière a offert une grande richesse à tous les rois se succédant…
La légende raconte que Crésus a fait de nombreuses offrandes aux temples grecs, notamment le temple d’Artémis à Éphèse, mais aussi et surtout au sanctuaire de Delphes avant la dernière prédiction… Parmi les offrandes selon Hérodote, on retrouve : un troupeau de milliers de têtes de bétail, des briques d’or pur, des barils d’argent, une statue entièrement en or et surtout une immense statue d’un lion. En or, évidemment.