Aujourd’hui on découvre le monde du verre et du cristal… Pourquoi les souffleurs de verre sont plus nombreux en Lorraine qu’ailleurs ? Pourquoi le cristal de Baccarat a une excellente réputation à l’international ? Dans cet article, je vous propose de découvrir l’histoire de la cristallerie en Lorraine.
Voici un guide des plus célèbres verreries de la région Lorraine.
La découverte du verre, par Pline l’Ancien
Une légende racontée par Pline l’Ancien fait naître le verre au 20 siècles avant notre ère. Un bateau faisant naufrage en pleine tempête sur une côte Phénicienne oblige les marchands à son bord à faire un feu sur la plage de sable. Pour faire chauffer leurs marmites à l’abri du vent, ils les déposent sur des pierres de nitre qu’ils destinaient à la vente. Au bout de quelques heures à haute température, des petits ruisseaux transparents s’écoulent dans le sable et se rigidifient… Le verre était né !
Si le hasard est heureux et l’histoire, belle, elle n’en reste pas moins une légende… Il semblerait que le verre trouve son origine plus de 3000 ans avant notre ère. En -2000, les Égyptiens ont hérité d’un savoir faire déjà millénaire en Mésopotamie et s’ornent -pour ceux qui le peuvent- dès plus beaux et fastueux bijoux. De l’or, des pierres précieuses et même des boules de verre ont été retrouvés dans le tombeau de Toutankhamon… A partir du VIIIème siècle avant notre ère, le commerce se fait florissant grâce au savoir faire naissant du soufflage de verre.
Pendant des siècles, les peuples européens ont été dépendants du moyen-orient pour s’approvisionner en verre, mais petit à petit, la région de Bohème puis le nord de l’Italie ont maîtrisé l’art du soufflage de verre. En France, il faut attendre le XVIIème siècle pour voir s’installer les premiers souffleurs de verre en Lorraine et notamment à Baccarat.
La première verrerie en 1764
Pendant des siècles, les salines de Rosières ont offert du travail à de nombreux bûcherons. A la fin de l’exploitation de celles-ci en 1760, des familles se sont retrouvées sans le sous et les forêts qui n’étaient plus exploitées devenaient problématiques. C’est pourquoi Monseigneur de Montmorency-Laval, l’évêque de Metz a souhaité s’entretenir avec Louis XV pour lui demander de trouver une solution. A cette époque, Le Royaume de France importe en grande quantité les verreries d’art de Bohème. L’évêque propose alors de créer une verrerie. Avec l’autorisation royale, le projet pourrait permettre de faire rentrer de l’argent et de remettre au travail de nombreux bûcherons. Louis XV, conscient des difficultés du pays au sortir de la guerre de sept ans accepte et les Verreries de Sainte-Anne, sous la direction d’Antoine Renaut, lancent leurs activités dans le village de Baccarat. Pendant une décennie, les verriers se forment, les bûcherons fournissent le bois de chauffage du verre et l’économie prospère.
Vingt ans après leur création, les verreries Sainte-Anne se placent à la troisième place des plus grandes verreries d’Europe. On trouve devant la cristallerie de Saint-Louis les Bitche, en Moselle, et la verrerie de Saint-Quirin, également en Moselle. Hélas, à quelques pas du village de Baccarat, le travail du verre n’égale pas la beauté du verre de Bohème… Pour l’instant !
Le travail du cristal en Lorraine
La production est arrêtée durant plusieurs années liées à la Révolution, puis périclite avant d’évoluer en cristallerie grâce à Aimé-Gabriel d’Artigues qui lance la production de cristal en 1816 sous le nom de Etablissements de Vonêche à Baccarat.
Le premier four à cristal de Baccarat est allumé le 15 novembre 1816. Face au succès grandissant, le second est mis en place à la fin de l’année 1817, le troisième quelques mois plus tard et le quatrième en 1819. L’usine ne cesse de se moderniser et plus de 300 personnes sont employés sur le site… Mais l’instabilité politique du pays menace l’économie. Heureusement la qualité du cristal n’est plus à prouver. On trouve alors dans la région les meilleurs verriers, souffleurs et tailleurs. Ensemble, ils innovent, travaillent de nouvelles techniques et savoir-faire pour offrir de nouvelles formes en sublimant le cristal. La méthode de travail s’éloigne du verre de Bohème et se rapproche du style anglais qu’on retrouve aussi à Saint-Louis les Bitche. En 1823, le roi Louis XVIII passe sa première commande à Baccarat mais c’est, Louis-Philippe d’Orléans qui après la Restauration, va faire rayonner le cristal de Baccarat lorsqu’il est roi.
La mode du cristal par Louis-Philippe Ier
En 1840, le roi Louis-Philippe commande un service en cristal et influence toutes les grandes familles de la cour. Le service Harcourt, au pied hexagonal et aux six facettes, est alors commercialisé en 1841 et on lui donne le petit surnom de « service des rois ». Le cristal de Baccarat gagne en renommée, notamment en gagnant différentes médailles durant les expositions universelles qui permettent de montrer le savoir-faire des plus grands pays du monde.
L’essor des verreries et cristalleries
A Baccarat, plusieurs cristalleries voient le jour à la fin du XIXème siècle. C’est le cas de la verrerie Vessière, fondée en 1882 par Justin Vessière qui après avoir œuvré en tant que commercial de cristal, décide de devenir graveur de cristal et travaille la technique de gravure à l’acide. Pour présenter son travail il ouvre le premier magasin d’exposition de cristal à Baccarat. Les plus belles productions de cristalleries y sont présentées exclusivement, jusqu’à ce que l’établissement soit détruit par les bombardements en 1914. Quelques années plus tard, l’entreprise ouvre un nouvel établissement, de l’autre coté de la Meurthe. Aujourd’hui le magasin est toujours à la même adresse, on y trouve toujours les productions de la manufacture de Baccarat mais aussi des meilleures verreries, comme le verre de Murano, le cristal de Bohème ainsi que les objets d’art d’Emile Gallé, de Muller ou encore Legras dont je vous raconterai peut-être l’histoire !
Le cristal de Baccarat a fait l’objet d’une exposition à Shanghai, plus de 400 pièces et près de 250 années d’histoire pour une rayonnement mondial.