La chasteté parfois c’est mieux.

Cass. Crim. 16 octobre 1817

Un joli arrêt de la cour de cassation mais attention, dedans y a de la violence entre époux et même un mort, non il y en a deux en fait. Âmes sensibles, ceci est une histoire vraie.

Les faits :

Un beau jour, une demoiselle se promène quelque part dans le département de la Seine-et-Marne et rencontre Monsieur Seven. Très vite c’est le Big Love, rencontre avec les parents, fiançailles, mariage, missionnaire. Et puis, grand malheur, monsieur décède dans des circonstances qui nous sont inconnues, mais qu’importe c’est pas le sujet. Madame est triste, elle pleure son défunt mari.

Puis un beau jour la veuve Seven, Marie-Jeanne de son prénom, retourne se promener quelque part dans le département de la Seine-et-Marne et rencontre Monsieur Martoury. Face à l’imprévisibilité de la vie, Madame décide de ne pas se marier et de passer directement à l’étape missionnaire. Sage décision, mais les capotes et autres éponges ou seringues de vinaigre ne sont pas en vente libre. Marie-Jeanne tombe enceinte de son amant. Ils n’ont pas trop de fric pour l’élever et surtout n’en n’ont pas envie. Un autre beau jour, dans le département de la Seine-et-Marne, Monsieur Martoury décide de tabasser violemment Madame avec pour objectif d’interrompre la grossesse. Échec.  Il n’est bon à rien, ce Martoury. Il ne reste plus à Marie-Jeanne que se débarrasser du nourrisson dès sa naissance dans un joli ruisseau. De toute façon qui a envie de vivre en Seine-et-Marne ?

La procédure :

Nous sommes le 3 septembre 1817 et la Cour d’assises rend son verdict. Marie-Jeanne écope des travaux forcés à perpétuité pour meurtre (Sur son épaule marquée au fer rouge, les lettres TP pour Travaux forcés à perpétuité). Quant à Martoury, il doit effectuer une peine de réclusion, pas trop lourde, pour tentative d’avortement. Il n’est pas impliqué dans l’assassinat du nourrisson puisqu’il avait abandonné femme et enfant après les avoir tabassés.

Les anciens amants vont alors former un pourvoi en cassation car ils ne sont pas satisfaits du sort que leur réserve la justice. Si on ne peut plus tuer  la chair de sa chair tranquillement maintenant, où va-t-on ?

La Cour de cassation rend son verdict le 16 octobre 1817. Madame est déboutée immédiatement, alors que Monsieur, qui est un véritable crétin, va voir sa peine s’alourdir.

Les explications :

La Cour d’assises a violé l’article 2 du Code Pénal de 1810 en condamnant Martoury pour tentative et non pas pour crime. Renvoyé devant une autre cour, son jugement va être révisé, à la hausse. Eh oui. Cependant, il faut savoir que si la tentative d’avortement par un individu quelconque est assimilée au crime, il n’en est pas de même lorsque la tentative est effectuée par la femme enceinte. Il est alors possible de penser que lorsque la femme demande à son compagnon de la tabasser, c’est-à-dire qu’elle donne son consentement, alors celui-ci ne devrait être condamné que pour tentative en cas d’échec. Mais non, le Code Pénal ne veut pas.

Ce qu’il faut retenir :

Si tu ne veux pas te retrouver avec une flétrissure sur l’épaule gauche, dans une  maison de travail et avec un amant en fuite, évite de te promener en Seine-et-Marne, ou arrête de coucher avec le premier venu. La chasteté, parfois, c’est mieux.

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Rencontre, drague et fiançailles au XIXème siècle.

Il faut savoir qu’au XIXème, on se marie tard, 25-26 ans pour la demoiselle, 27-28 ans pour le damoiseau. Et ceci pour différentes raisons :

Madame la baronne Staffe
  1. Première révolution sexuelle, on ne se marie (presque) plus par intérêt mais par amour (c’est beau)
  2. Trouver un mec sympa et riche duquel on peut s’amouracher, c’est plus compliqué que de trouver un mec riche tout court.
  3. En plus faut le trouver dans son village (endogamie), ou pas loin, sinon c’est la merde, la famille peut demander une sorte de « participation financière » au mec qui va prendre la fille à la ville. Mais en même temps, des fois on dit rien car c’est la seule façon d’éviter la consanguinité. Mais si tu aimes vraiment trop ton cousin, tu peux demander une dérogation pour te marier.
  4. On n’a pas envie de s’emmerder avec une ribambelle de gosses, la contraception est carrément incertaine, alors plus on se marie tard, plus la ménopause est proche (Astuce !)

Mais il arrive un jour où il est là, beau, riche et so cute et il la voit, belle, blonde, avec des seins encore fermes et prête à enfanter. Ça va draguer sévère. Mais Madame la baronne est là pour expliquer les règles de savoir vivre.

Les bonnes manières

D’abord, il ne se jette pas sur elle, et il ne lui adresse pas la parole, on est civilisé. Il se renseigne sur la demoiselle par des intermédiaires. Si tout correspond, rang social, fortune, famille, il est opportun que les intermédiaires organisent un dîner, ou les réunissent lors d’un bal. Il est impératif que les parents de la future mariée soient présents. N’oublions pas que la transaction se fait grâce à eux. La jolie blonde ne doit rien savoir, sinon elle va perdre de son naturel, va voir son cœur s’emballer et risque d’être terriblement déçue si monsieur décide que finalement, sa copine rousse est mieux. On lui évite une terrible humiliation, en somme.

Donc là tout est possible, soit tout le monde se plaît et on va mettre en place des rencontres qui ne sont improvisées qu’aux yeux de la jeune fille, soit l’une ou l’autre des parties se retire. Soit les deux, et là tout va bien, on peut recommencer avec d’autres.

Les fiançailles

Imaginons que tout se passe bien. Les fiançailles se font dans une intimité rigoureuse : les deux couples de parents et les intermédiaires. Le fiancé doit apporter un bouquet de fleurs blanches ainsi qu’une bague, la fiancée porte une robe colorée. On les laisse enfin s’approcher, discuter sans être écoutés, mais on ne les laisse jamais seuls sauf coutumes contraires. Par exemple, dans le sud-ouest de la France tout comme en Suède (Toi non plus tu vois pas trop trop le lien ?) il existe la Cour amoureuse. C’est-à-dire que pendant le temps des fiançailles, les deux promis peuvent dormir ensemble sur le dos. Habillés, et non couverts. La jeune fille peut poser sa tête sur le torse du garçon. Leurs jambes ne peuvent pas être en contact. Le fiancé peut se permettre de toucher l’épaule de sa douce pour la déplacer s’il a le bras endolori, ils ont pensé à tout.

Pendant ce temps les deux familles signent le contrat de mariage.

La promesse de mariage, l’entre deux droits

Les futurs époux ont le droit de décider de renoncer au mariage après les fiançailles,  une promesse de mariage n’est pas un contrat. Au nom de la liberté de contracter, les fiancés ne sont tenus par aucune obligation de mariage. Mais bon les boules quoi. Une semaine ou deux heures avant les noces, t’es comme un con, à nouveau sur le marché et ruiné par le coût de la cérémonie. À ce propos, le code civil a prévu deux conditions de dommages et intérêts qui peuvent fonctionner pour la partie lésée. Celle qui s’est retrouvée seule devant l’autel. Celle qui a les boules.

La partie lésée peut donc obtenir des dommages et intérêts pour préjudice moral ou préjudice matériel. C’est-à-dire, si celui qui se fait larguer en acceptant de se fiancer est passé a côté d’une autre promesse de mariage qui lui aurait apporté plus d’amour d’argent, ou pour rembourser tout l’argent engagé dans  les cérémonies de fiançailles et de mariage. Mais aussi pour l’humiliation, après la publication des bans, tout le monde est au courant, tu passes pour un con. Les dommages et intérêts sont donc obtenus dans le cas où la rupture est brusque et sans motif sérieux.

Et puis parfois, les gens se marient et sont heureux toute leur vie.

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Pourquoi violer sa femme en famille pose problème ?

C.Cass. 19 mars 1910

Les faits :

On sait qu’au XIXème siècle, dans le milieu ouvrier, tout le monde vit dans une seule et unique pièce. Ici, c’est François et Madame LB avec leurs enfants, ainsi que Prosper LB, frère de François. Un soir, sortis d’un quelconque bistrot ou cabaret, ivres (oui parce qu’on picole au XIXème) François et Prosper sont chauds comme la braise. Une fois rentrés, Prosper n’a plus qu’à se coucher, la queue entre les jambes comme on dit.  François, lui, va pouvoir user et abuser de son épouse. Il va violer sa femme en vertu des liens sacrés du mariage, à des fins de procréation, donc.

Coucher avec un mec qui pue la vinasse, Madame LB ça la branche pas. Elle refuse catégoriquement, prétextant une migraine, une mycose, une nuit trop courte? Rien n’y fait. Monsieur lui en colle une, puis deux, et trois. Continuer la lecture

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La prochaine fois tu choperas pas la voisine.

C.Cass. 14 juin 1836

Les faits:

Monsieur B possède un château le domaine de Farzac, il y a de grandes étendues à exploiter et pour cela il loge Monsieur C avec sa famille dans un bâtiment agricole indépendant du château (ce n’est pas un simple détail). Et bon, vu qu’il est un peu chaud de la bite le Monsieur B, il fricote avec la voisine, la fille de Monsieur C. Souvent nus dans un champ, parfois chez lui, dans une grange… Enfin bon, partout. On peut dire que Jeanne est le PQR de Monsieur B.

Mais forcément, un mec avec un château ça attise les convoitises des petites bourgeoises du coin. Et vu qu’il vaut mieux une bourgeoise qu’une paysanne, Monsieur B délaisse Jeanne pour se marier avec Madame B. Et puis il visite tout de même quelques fois sa charmante voisine dans sa petite grange. On se laisse pas abattre.

Jusqu’au jour où Madame va s’en apercevoir et va faire la gueule. Elle va ester en justice Monsieur pour obtenir une séparation de corps.

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