Klanswomen, les femmes féministes du KKK

Alors c’est un peu bizarre comme titre, j’en conviens. Selon moi, on ne peut pas être féministe et appartenir au KKK, du fait même que si on veut l’égalité femme-homme il faut nécessairement souhaiter l’égalité femme-femme, ce qui n’est pas du tout le cas des Klanswomen… Mais je vous avais promis cet article il y a déjà quelque temps lors de la publication de l’article sur le KKK, le voici !

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Klanswomen, les femmes du Women Ku Klux Klan

Le WKKK, ou Women Ku Klux Klan est une organisation créée en 1921 mais officialisée en 1923. Effectivement, le 10 juin 1923, le WKKK devient une organisation auxiliaire du KKK. Les femmes ne pouvant pas intégrer le Klan, elles se sont donc liées autour d’une organisation anti-juive, anti-catholique, anti-immigrée et anti-noire qui se démarque du KKK car les femmes revendiquent l’importance du droit de vote pour les femmes (obtenu en 1920) afin de protéger et purifier les pratiques politiques. En gros, les Klanswomen sont contentes de voter afin d’augmenter le nombre de votants suprématistes blancs. Pour pouvoir discriminer les autres femmes (et les hommes aussi). C’est moche. Très moche.

L’existence d’une communauté de femmes suprématistes blanches est en réalité bien plus ancienne, elle date de la première apparition du KKK dans les années 1870. Dès la création du KKK, les femmes n’ont pas le droit de prendre part aux décisions et actions de l’organisation, en revanche, elles peuvent bien rendre service aux membres (souvent leurs maris, pères, frères…) en confectionnant les tenues, préparant les pique-niques ou encore pour faire joli lors des différentes représentations de l’organisation masculine. En plus ça fait un peu genre « regardez, nous ne sommes pas si méchants, nous avons des épouses et des enfants et ils sont tout blancs, eux »… Les hommes du KKK pensent que les femmes doivent rester les subordonnées des hommes blancs. Ces petits êtres fragiles doivent être protégées des autres (les Noirs, les Juifs, les immigrés, les catholiques…) mais aussi d’elles-mêmes, alors ils essaient de les garder sous leur protection. Et pourtant à partir de 1923, les Klanswomen revendiquent un autre rôle, elles veulent être actives dans la haine de l’autre. Continuer la lecture

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Klaus Barbie, l’histoire du « Boucher de Lyon »

Le 11 mai dernier, on a fêté les 30 ans du procès de Klaus Barbie, pour l’occasion pas de cotillons ni de musique de fête mais je vous conseille plutôt une exposition lyonnaise au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation et cet article sur le « Boucher de Lyon ». Ça prend aux tripes, parfois même, disons-le, ça donne la gerbe.

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Klaus Barbie, du nazillon au chef de la Gestapo

Nikolaus Barbie, appelé Klaus Barbie est né à Bad Godesberg (aujourd’hui il s’agit d’un quartier de la ville de Bonn) le 25 octobre 1913. Après son baccalauréat, il décide d’adhérer aux Jeunesses Hitlériennes en 1933 (voir aussi Irma Greese). C’est une révélation pour Klaus Barbie, il adore ça et assimile l’idéologie à fond. Aussi, deux ans plus tard, il intègre la SS et travaille au sein du service de sécurité du parti nazi. Force est de constater que le mec travaille bien, il suit toutes les formations et s’investit comme aucun autre de ses collègues. Aussi, il entre à l’école d’officier en 1937. C’est le début de sa célèbre carrière en tant que SS… Klaus Barbie gravit les échelons rapidement, en avril 1940, il est nommé sous-lieutenant SS. C’est classe. Tellement classe qu’il parvient à séduire une jeune femme rencontré au parti nazi : Regine Willms. Ils auront deux enfants et resteront mariés à vie.

Rapidement Klaus Barbie se fait repérer par les chefs nazis, il est aimable avec ses collègues, détestable avec le reste de l’humanité, il fait du bon boulot du coup, on décide de l’envoyer au Pays-Bas après l’invasion du pays en 1940. D’abord à La Haye puis à Amsterdam. Son job est simple : il doit traquer les juifs, les francs-maçons et les émigrés allemands. Il rafle tout le monde, organise des pelotons d’exécution et on le remercie. Il est promu lieutenant SS et est décoré de la croix de fer de seconde classe en 1941. Ensuite, direction la Russie où il suit notamment un stage de parachutiste. Enfin, Klaus Barbie va être amené à travailler en France où il devient « le Boucher de Lyon ».

Le Boucher de Lyon, le travail de Klaus Barbie en France

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En 1942, Klaus Barbie s’est fait une petite réputation dans le milieu nazi, il n’a que de bonnes recommandations et il parle le français, c’est pourquoi il est nommé chef de la sécurité à Gex (dans l’Ain) tout proche de la frontière suisse, avec une mission bien particulière : il doit enlever un homme. Un agent secret russe qui réside à Genève : Alexander Foote. Lorsque Klaus Barbie parvient à soudoyer des gardes à la frontière et arrive à Genève, Foote a déjà disparu, alors en juin 1942, Klaus Barbie est envoyé à Dijon, puis à Lyon où il devient le chef de la Gestapo. C’est dans l’exercice de la torture que Klaus Barbie va véritablement briller. Y’a pas à dire, il fait du bon boulot. Continuer la lecture

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Marguerite Steinheil, de la Pompe-Funèbre au meurtre ?

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Aujourd’hui avec Marine Spaak, illustratrice, on vous raconte l’histoire de Marguerite Jeanne Japy, plus connue sous son nom d’épouse Marguerite Steinheil, dite Meg. La notoriété de Marguerite Steinheil est due à un de ses amants, mort dans ses bras (ou presque), le Président de la République, monsieur Félix Faure.

Marguerite Steinheil, célèbre maîtresse de Félix Faure

C’est en 1897, à Chamonix, que Marguerite rencontre Félix Faure, alors Président de la République. Faure vient de passer une commande au peintre Adolphe Steinheil, l’époux de Marguerite depuis plus de sept ans. Les deux se sont rencontrés à Bayonne et se sont mariés en 1890. Cependant, après la naissance de leur fille Marthe, le couple bat de l’aile, s’ils ne veulent pas divorcer Marguerite et Adolphe vivent en bonne intelligence, sans intimité, comme des colocs ou des bons copains. Marguerite est présente lors des vernissages ou expositions de son mari mais elle ne s’empêche pas de vivre et d’avoir des amants. Notamment Félix Faure qui lui n’hésite pas à se rendre régulièrement chez le couple pour se rendre compte de l’avancée de sa commande.

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Rapidement, Marguerite et le Président flirtent et celle-ci le rejoint dans le « salon bleu » de l’Élysée, une pièce discrète du rez-de-chaussée du palais. Cette relation dure deux années, le Président est marié avec Berthe Belluot. On la dit naïve, mais elle ne l’est pas. Bien consciente de la réputation de coureur de jupons de son époux, elle préfère fermer les yeux. Pourtant, outre ses relations extraconjugales, Félix Faure n’a que peu d’estime pour la mère de ses enfants, il la met de côté pour chaque repas officiel et parle même de vouloir divorcer pour épouser sa maîtresse, Marguerite Steinheil. Mais le 16 février 1899, arrive l’inconcevable : le Président de la République décède.

La pipe mortelle au Président

Dans la matinée du 16 février 1899, le Président appelle Marguerite afin qu’elle lui rende visite en fin d’après-midi et elle répond présente. Or, quelques minutes après son arrivée, la maîtresse du Président sonne les domestiques du palais de l’Élysée : Félix Faure fait un malaise. Lorsqu’ils rentrent dans la pièce, ils aperçoivent les amants dans des conditions peu présentables (et pourtant, je vous les présente).

Félix Faure est allongé sur un divan avec le pantalon et le caleçon au niveau des chevilles alors que Marguerite Steinheil a les vêtements froissés et les cheveux en désordre. 

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Le Président décède quelques heures après des suites de son malaise, il a fait une « attaque ». En réalité, il s’agit d’une hémorragie cérébrale survenue lors d’une fellation pratiquée par Marguerite Steinheil mais on se garde bien d’en parler au grand public. Continuer la lecture

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Le dernier bûcher pour crime d’homosexualité

Aujourd’hui on parle sodomie, on parle homosexualité et on parle de corps calcinés sur la place publique. C’est joyeux n’est-ce pas ? En 1750, deux hommes sont étranglés puis brûlés place de l’Hotel-de-Ville (place de Grève à l’époque) à Paris pour crime d’homosexualité. Ce sont les deux derniers hommes à avoir été officiellement condamnés à mort pour cette raison. Je dis bien officiellement parce que combien d’hommes ont été abattus en France depuis 1750 pour la simple raison qu’ils préféraient les hommes ?

(vous remarquerez aisément que les illustrations sont complètement anachroniques, mais elles sont thématiques. J’avais rien d’autre… Si je trouve, je remplace ! Si vous avez, envoyez-moi des trucs.)

Grandes Chroniques de France, Bucher de Templiers

Bruno Lenoir et Jean Diot, l’arrestation

Aux alentours de 23h, dans la nuit du 4 au 5 janvier 1750, deux hommes sont arrêtés rue Montorgueil « en posture indécente et d’une manière répréhensible ». Effectivement, ni Bruno Lenoir, cordonnier de vingt et un ans (ou vingt trois selon les sources), ni Jean Diot, quarante ans, domestique dans une charcuterie, ne portent de pantalons. Pour le guet qui passe dans le coin, c’est une aubaine, il écrit un procès-verbal et les arrête. Au milieu du XVIIIe siècle, il n’est pas vraiment conseiller de se promener main dans la main lorsqu’on est amoureux et homosexuels, ni de pratiquer un coït rapide contre une porte en pleine rue. En effet, les « gens de la manchette » comme on les appelle, sont surveillés plus sérieusement que les couples hétérosexuels (l’exhibition est cependant interdite pour tout le monde). Les agents de surveillance, les guets ou encore « les mouches » sont à la recherche des lieux de rencontre dans toute la ville afin de tomber sur des flagrants délits. Certains poussent le zèle en s’exhibant pour attirer les homosexuels et les arrêter.

Si Jean Diot nie les faits qui lui sont reprochés, Bruno Lenoir affirme que le quadragénaire lui a proposé un acte sexuel mais qu’il n’a pu avoir lieu car le guet, Julien Dauguisy, les a arrêtés juste avant. En 1750, la sodomie est encore considérée comme un crime. Continuer la lecture

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