Les tortures du docteur Sims, au service de la gynécologie

Clairement, la gynécologie n’a pas été la discipline la plus importante dans l’histoire de la médecine. En même temps, ça ne concerne que la moitié de la population et il fait bien sombre dans le vagin d’une femme. Durant l’antiquité, on n’y était toutefois pas indifférent. On a retrouvé des forceps et autres spéculums uteris à Pompéi. Et puis, on découpait pour comprendre. Enfin, arrive le Moyen-Age et là on abandonne tout ce qu’on a déjà appris. On pense que seules les femmes qui ont eu des enfants peuvent faire accoucher les autres. Alors les médecins ne s’intéressent pas des masses aux corps des femmes.

Mais au XIXe siècle, il y a bien un homme qui décide d’y mettre le nez dessus (enfin, façon de parler)(enfin, non c’est quand même le cas), il s’agit de Sims.

Qui est James Marion Sims ?

On qualifie le bonhomme de père de la gynécologie moderne. Et effectivement, il a permis de grandes avancées dans la discipline. Mais à quel prix !

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James Marion Sims est né en 1813, en Caroline du sud. Pendant toute son enfance, Sims connait des esclaves. Son père est shérif, la famille vit dans le sud des États-Unis et à l’époque c’est encore super classe d’avoir des personnes -Noires- à son service. James Marion Sims fait des études de médecine dans différentes universités du pays et côtoie des médecins à la pointe dans leurs disciplines. Mais contrairement à Sims, aucun ne s’intéresse à la gynécologie. Il va cependant décider d’en faire sa spécialité. En 1845, le médecin Sims ouvre un hôpital privé pour femmes en Alabama.

La fistule vésico-vaginale

James Marion Sims décide de s’impliquer tout particulièrement dans la recherche et l’expérimentation sur la fistule vésico-vaginale (RMLH : premier blog sur la fistule…). La fistule vésico-vaginale (ou sa jumelle vésico-rectale) est généralement la conséquence d’un accouchement long et douloureux. Continuer la lecture

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La Pythie, intermédiaire entre Apollon et les Hommes

Si vous ne le savez pas encore, je rentre tout juste d’un périple en Grèce continentale. C’est un pays magnifique et les vestiges antiques n’enlèvent rien à son charme (bien au contraire !). J’ai eu la chance de visiter Delphes sous un soleil éclatant et de redécouvrir l’histoire de la Pythie, que je vous raconte aujourd’hui.

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La Pythie, c’est quoi ? C’est qui ?

A Delphes, il y a un oracle, il s’agit d’un lieu sacré que le dieu Apollon a choisi pour entrer en contact avec les hommes. Sauf que le petit Apollon est timide, alors il ne s’adresse pas directement aux mortels mais utilise une intermédiaire : la Pythie. Dès le septième siècle avant notre ère, les prêtres du temple d’Apollon de Delphes ont pour mission de trouver une jeune fille, généralement plutôt bête, plutôt pauvre, plutôt vierge et qui accepte de vivre dans la chasteté et la solitude en tant qu’épouse du dieu. La jeune fille reste dans son rôle de Pythie jusqu’à la mort ou jusqu’à ce qu’elle ne soit plus en mesure de transmettre les messages divins. Après le viol d’une Pythie, le choix des prêtres se porte sur des femmes plus âgées, la cinquantaine, qui accepte de laisser tomber les gamins, le mari et le coït hebdomadaire, ou mensuel, ou annuel. Bref. Faut quand même qu’elle ne soit pas trop maligne. L’idée de prendre une fille un peu naïve et/ou peu instruite c’est pour avoir une âme vierge, sans connaissance des pratiques de la vie, de la guerre, de l’argent, de la perversion ou des stratégies… Ainsi, elle ne peut qu’être qu’objective lorsqu’elle rend l’oracle.

Vu que la mode des oracles prend de l’ampleur au fil des siècles (surtout entre -700 et -100), il y a eu plusieurs Pythies coexistantes dans le sanctuaire de Delphes. Plutarque qui a été prêtre d’Apollon à Delphes de 105 à 126 nous indique qu’avant le premier siècle de notre ère, il y a eu jusqu’à trois Pythies en même temps, deux titulaires et une suppléante.

La Pythie, l’interprète d’Apollon

Une fois devenue Pythie, la prêtresse du sanctuaire doit être exemplaire. Sa mission est bien simple, elle doit apporter la réponse du dieu Apollon aux mecs qui se questionnent sur leur existence. Dois-je faire la guerre ? Dois-je épouser cette fille de paysan ? Dois-je tenter de conquérir le monde ? Dois-je tuer mon con de voisin ?

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Au départ, les oracles ont lieu le 7 du mois de Bysions, soit une fois par an, pour l’anniversaire d’Apollon. Mais business is business, à l’époque classique les oracles ont lieu le 7 de chaque mois. Continuer la lecture

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Henri II a la bite tordue (maladie de Lapeyronie)

Je vous ai parlé dans un précédent article de l’accouchement difficile (très difficile) de Catherine de Médicis pour ses jumelles. Et pour cause, il a fallu découper une des jumelles dans le ventre afin de sauver la deuxième. C’est moche. Alors qu’avec une césarienne, on sauvait les deux (merci le progrès). Catherine de Médicis et Henri II, ont eu dix gosses et neuf grossesses, et pourtant, c’était pas gagné. Henri II a la bite tordue (vraiment tordue).

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Henri II et Catherine, le couple prometteur

Le 28 octobre 1533, alors que le futur Henri II épouse Catherine de Médicis, on se dit que la royauté a encore de beaux jours devant elle. C’est vrai. Elle est plutôt classe, issue d’une bonne famille, c’est la nièce du pape Léon X. Ça en jette non ? (non)(enfin, à l’époque, si). C’est clairement pas le grand amour entre les deux jeunes mariés, mais c’est pas tellement ce qu’on leur demande non plus. Tant qu’ils font bonne figure devant la populace et la cour et qu’ils font des gamins mâles pour la succession de la couronne, ça passe. Sauf que des gamins, ils n’arrivent pas à en avoir. Et c’est pas faute d’essayer. Un an après le mariage, toujours pas de mioche. Deux ans après, c’est pas mieux. En 1536, que dalle. Bin mince. Il y a bien un truc qui cloche… Et si le couple royal était stérile ? Avant de tirer des conclusions hatives, Henri II et Catherine de Médicis vont tenter des choses pour y remédier. Entre méthodes de grand-mère et superstition à la con, je vous le dis direct : rien ne marche.

Les remèdes inefficaces

Catherine de Médicis va appliquer tous les conseils qu’on lui donne. Tous. Même les plus idiots.

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Tout d’abord, pour savoir si une femme est fertile, au XVIe siècle, il existe une méthode infaillible à base d’ail. Non, je déconne, c’est complètement WTF comme méthode, mais assez simple à réaliser. Pour cela il faut :

  • un vagin
  • une gousse d’ail
  • un peu de temps

L’idée c’est d’insérer la gousse d’ail dans le vagin et d’attendre douze heures. Continuer la lecture

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Isabelle de Bourbon-Parme, dépression et bisexualité

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Isabelle de Bourbon-Parme, mais qui est-ce ?

 

En théorie, la jolie Isabelle a une famille parfaite. Elle est la petite-fille de deux rois : Louis XV est son grand-père maternel, Philippe V d’Espagne son grand-père paternel. Ça en jette, vu comme ça.

Mais en fait, c’est pas terrible. J’veux dire, d’un point de vue biologique quoi. Philippe V d’Espagne est l’oncle de Louis XV.

Je t’explique. Faut repartir de plus loin.

Un peu de généalogie royale

Tu vois Louis XIV ? Il a eu un fils, le Grand Dauphin ; vu que c’était l’aîné il devait être roi, mais bon le mec il a régné plus de cinquante ans, increvable le Roi Soleil. Du coup, le Grand Dauphin est mort avant son père. Et je te raconte sa mort dans le tome 2 de Raconte-moi l’Histoire!

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Donc c’est le fils aîné du Grand Dauphin qui doit hériter de la couronne : Louis de France. Louis de France a un petit frère, Philippe, futur Philippe V d’Espagne. Et Louis de France a un fils, le futur Louis XV. Philippe V est donc l’oncle de Louis XV.

Isabelle de Bourbon-Parme et sa famille

Ses deux grands-pères sont enclins à la dépression, aux humeurs noires. D’ailleurs Philippe V meurt d’une crise de folie.

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En revanche, ses deux grands-mères sont assez équilibrées. Qu’il s’agisse de Marie Leszczynska ou d’Elisabeth Farnèse, elles aiment profondément leur petite-fille. Il vaut mieux pour Isabelle d’ailleurs, parce que son père Philippe est envoyé en France et Italie pour des affaires et sa mère, Marie-Louise-Élisabeth de France, la déteste.

Les années espagnoles d’Isabelle de Bourbon-Parme (1741-1748)

Isabelle est née en décembre 1741 ; sa mère a alors 14 ans et fait une bonne crise d’adolescence (on ne peut pas le lui reprocher). Louise-Élisabeth se tape un baby blues de folie et elle déteste sa fille pour deux raisons. Continuer la lecture

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